Après une semaine d’attente, c’est une journée de manifestation cruciale qui s'est déroulée à Harare. Un rassemblement pacifique a débuté dans la matinée à Hatfield, un quartier populaire en périphérie de la ville, à l’appel de la Zanu-PF et des vétérans de la lutte pour l’indépendance. Hatfield est un lieu symbolique puisque c’est là qu’est né le parti de la Zanu-PF.
Le sentiment qui prévaut sur place, c'est que toute la population, après avoir attendu pendant une semaine une annonce, a décidé de célébrer le départ à venir - ils en sont persuadés - de Robert Mugabe. Beaucoup de gens disent, « aujourd’hui, c’est le premier jour de notre indépendance ». Les ouvriers sont même sortis de leurs usines pour voir ce qui se passe. Des Zimbabwéens noirs, des Zimbabwéens blancs, tout le monde filme et prend des photos comme pour enregistrer ce moment historique, extraordinaire même entend-on.
« Merci l'armée »
Plusieurs milliers de personnes se sont massées au centre-ville de la capitale. Les militaires sur leurs chars défilent au milieu de la foule qui a envahi les avenues, ils sont acclamés, remerciés, des pancartes sont tenues : « Merci l’armée », « merci au général Chiwenga ». Il y a aussi ces bus, sur lesquelles des dizaines de personnes sont montées, ils tiennent des rameaux dans leurs mains.
La marche a été ponctuée de discours. Avec le passage remarqué de Joice Mujuru, leader de la Zanu-PF, en disgrâce ces derniers mois pour s'être ouvertement opposée à Robert Mugabe.
On apercevait aussi des pancartes demandant à la SADC de rester en dehors de ce qui se passe en ce moment au Zimbabwe, de laisser la population choisir, de laisser les Zimbabwéens régler cette situation. Une anecdote : sur un pick-up était déployée une grande photo de Gabriella Engels, cette jeune sud-africaine qui avait été molestée par Grace Mugabe début juillet en Afrique du Sud, et le message était sans ambages : « La SADC occupe-toi d’abord de ça ».
Mugabe est trop vieux, au pouvoir depuis trop longtemps : c’est ce que l'on a entendu à propos du chef de l’État. D’autres ont demandé ouvertement « la fin de la dictature ».
L'armée encadre
Ce rassemblement a été organisé et encadré par l’armée, officiellement pour montrer le soutien de la population à ses militaires et à leurs actions cette semaine. Les militaires ont empêché les manifestants d'approcher le palais présidentiel.
L’armée avait demandé aux Zimbabwéens de manifester dans le calme.
L'objectif final est très clair : il n’y a pas de retour en arrière envisagé pour les Zimbabwéens après cette journée de mobilisation. Ils veulent prendre leur destin en main, et veulent que Robert Mugabe parte. Vendredi, la chaîne d’information ZBC a annoncé que plusieurs branches du parti demandaient la démission du président. C’était une première sur la chaîne gouvernementale qui a beaucoup ému les Zimbabwéens.