Entouré de cinq de ses ministres, Patrice Talon est à la maœnuvre, il distribue la parole, écoute, tranche et concède. Mais sur les conséquences parfois dramatiques de la grève, le chef de l'Etat condamne avec fermeté : « Vous n'êtes pas au courant que les gens meurent pour défaut de service ? Le fait qu'on ne respecte pas une disposition de la charte, cela est suffisant pour laisser mourir les gens ? »
Gouvernement et syndicats trouvent rapidement un accord sur les revendications à incidences financières et sur la gestion des carrières.
La brouille majeure était le projet de réformes du secteur. Les syndicats ont attaqué les conclusions de la commission, réclamant même la dissolution du comité de pilotage. Patrice Talon n'a pas apprécié. Ses premiers mots sont cinglants : « Réformer est une prérogative de l'exécutif », dit-il.
Les syndicalistes encaissent. Le chef de l'Etat béninois manœuvre ensuite avec habileté : « Si vous estimez qu'il faut qu'on vous voit de manière apparente dans les commissions, on va le faire », promet-il. Et il se dit « ouvert et favorable aux contributions pertinentes ».
A la fin de la séance, après trois heures d'échange, la décrispation est visible. « Nous sommes sortis avec une petite satisfaction, se félicite Adolphe Houssou, l'un des leaders de la contestation. Le président de la République est ouvert. Il a bien communiqué avec nous. On s'est bien exprimé. Permettez que j'aille rendre compte à ma base. Là, je porterai la voix de tout le monde. »
Les deux camps expriment des regrets sur les deux mois de paralysie des hôpitaux. Par précaution, les syndicats demandent que tout soit consigné. Le protocole d'accord est rédigé dans la foulée.
Selon nos informations, le protocole d'accord sera probablement signé lundi, puis la suspension de la grève interviendra.