Alieu Bah a 25 ans et tout a commencé lorsque, excédé par les coupures de courant, il a publié sur les réseaux sociaux l’envie de manifester cette colère dans la rue. Le soutien de centaines de Gambiens l’a poussé à concrétiser cette idée.
« On sait que ce n’est pas notre manifestation qui va tout arranger, mais cela fera entendre notre frustration, dit-il. On demande à avoir l’électricité pendant au moins la moitié de la journée. Et on voulait aussi montrer le pouvoir du peuple ».
La manifestation devait se dérouler dimanche dernier. Mais elle a été interdite par la police. Son porte-parole explique dans un communiqué craindre un risque pour la sécurité du pays.
« Nouvelle dimension »
Pour Alieu, ce refus donne encore plus de légitimité au mouvement : « On suspecte que le gouvernement essaye d’empêcher que les manifestations deviennent une culture en Gambie. Même si les gens sont toujours mobilisés pour l’eau et l’électricité, maintenant il y a aussi une bataille pour le respect des droits constitutionnels. Cela a donné au mouvement une nouvelle dimension ».
En effet, de nombreux activistes comme Madi Jobarteh soutiennent désormais ce mouvement et s’inquiètent de cette restriction du droit de manifester : « Le gouvernement est passé à côté d’une grande opportunité. Après 22 ans au cours desquels les Gambiens n’ont pas eu ce droit, ils auraient pu montrer que le pays avait changé. Cette manifestation, c’est l’un des événements qui devrait tester l’engagement de notre gouvernement à respecter la démocratie ».
Les organisateurs ont rendez-vous ce mercredi avec des représentants du gouvernement, avant de décider de la suite du mouvement.