Dans sa petite boutique de tôle, Nathalie attend les clients. En tant qu'agent de l'entreprise Safaricom et de son service de paiement par téléphone portable Mpesa, elle permet aux habitants du bidonville de retirer, déposer ou envoyer de l'argent sur leurs portefeuilles mobiles. Elle voit cet appel au boycottage d'un mauvais œil. « Normalement, j'ai entre 30 et 40 clients par jour. Mais [vendredi], j'en ai eu seulement 15. Personnellement, je soutiens Raila Odinga, mais je ne suis pas d'accord avec ce qu'il a dit. Parce que je travaille pour Safaricom, c'est Safaricom qui paye mes factures. Donc, je serai la première à souffrir », explique-t-elle.
Aujourd'hui, plus de 40% des Kényans utilisent Mpesa régulièrement. Et même pour les plus fervents partisans de l'opposition, le boycottage s'annonce difficile. « Si nous boycottons les entreprises liées au gouvernement, nous parviendrons à affaiblir le gouvernement et ce qu'il fait contre nous, pense Polycarpe Masyo, un habitant. Mais je n'ai pas pu abandonner ma ligne Safaricom à cause de Mpesa. Nous en avons besoin pour envoyer de l'argent à nos familles dans l'arrière-pays. Par contre, maintenant, j'ai aussi une ligne Airtel depuis deux jours. »
Difficile également d'éviter les produits laitiers de Brookside Dairy, détenu en partie par la famille d'Uhuru Kenyatta, et de Bidco, explique Atik Amisi, épicier. « Beaucoup de produits disponibles sur le marché viennent de Brookside et de Bidco. Un boycottage me pousserait à fermer. »
Mais Atik n'est pas inquiet. Alors même que beaucoup d'habitants affirment suivre les instructions de Raila Odinga, ses ventes n'ont pas encore baissé.