Selon les manifestants, trois ans après l'insurrection populaire d'octobre 2014, qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré, les autorités politiques et judiciaires du pays jouent à «saute-mouton sur la vérité et la justice», car incapables de dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur les manifestants. Ils exigent également l'identification et le rapatriement des biens mal acquis et des fonds détournés par les dignitaires de l'ancien régime.
Partis de la place de la nation, les manifestants ont regagné le site de l'ancienne Assemblée nationale, incendiée au cours de l'insurrection populaire d'octobre 2014. C'est devant les épaves de véhicules et les ruines de l'ex-Parlement que Chrysogone Zougmoré, président du Mouvement burkinabè des droits de l'homme et des peuples, a interpellé le gouvernement sur la nécessité de rendre justice aux victimes et aux blessés de l'insurrection et du coup d'Etat de septembre 2015.
« Comment donc ne pas s’indigner que trois années après nos autorités politiques et judiciaires jouent à saute-mouton sur la vérité et la justice pour nos martyrs et qu’elles soient à ce jour incapables de nous dire qui a ordonné de tirer et qui a tiré sur nos filles et fils », a-t-il déclaré.
Enfonçant le clou devant des milliers de personnes à la place de la Nation, Elie Tarpaga, le coordonnateur du Comité de défense et d'approfondissement des acquis de l'insurrection populaire a dénoncé et « les manoeuvres politico-judiciaires » dont l'objectif est de garantir l'impunité aux hommes du clan Compaoré.
« L’ancien chef d’état-major de l’armée après avoir refusé de répondre à une convocation de la justice militaire dans l’affaire du putsch a été bombardé ambassadeur du Burkina au Ghana par le président Roch Kaboré », a lancé Elie Tarpaga.
La dizaine d'organisations ayant pris part à cette marche ont pris l'engagement de poursuivre la lutte en adoptant une plate-forme de cinq points parmi lesquels la vérité et la justice pour tous les crimes de sang impunis.