Les groupes de tambourinaires avaient fleuri à travers tout le Burundi depuis quelques décennies. De nombreuses communes, quartiers ou écoles, avaient désormais des groupes attitrés pour agrémenter aussi bien les festivités officielles que les mariages, diplômes et autres fêtes de baptêmes.
Et suprême affront pour les puristes, quelques groupes de femmes tambourinaires avaient commencé à faire leur apparition timidement.
Tout cela est fini. Le nouveau décret présidentiel interdit strictement, et dès ses premières lignes, « aux personnes de sexe féminin » d'en jouer. Elles pourront tout juste danser sur sa musique.
Autre règle qui fait des mécontents, le décret de Pierre Nkurunziza veut désormais que les tambours ne soient plus battus que lors de cérémonies officielles, et par des groupes reconnus et enregistrés au ministère burundais de la Culture.
Pour les fêtes à caractère social, il faudra non seulement une autorisation spéciale, mais l'organisateur de l'événement ou le groupe de tambourinaires paiera en plus une redevance de 245 euros, de quoi décourager les centaines de groupes qui en vivaient.
Et si un groupe de tambourinaires va se produire à l'étranger, cette somme sera multipliée par pratiquement autant de jours qu'il va y passer.
Mais plus surprenant encore, c'est que ce texte n’ambitionne rien de moins que d'être appliqué dans le monde entier, selon son 2e article.
Et pour cela, les dizaines de groupes de tambourinaires de la diaspora burundaise sont sommés de se faire inscrire auprès des ambassades de leur ressort, et ils devront désormais débourser 245 euros pour chaque tambour présent sur scène s'ils organisent un spectacle.
Sinon, le décret du président burundais leur promet une forte amende.