Ahmed Timol était un enseignant communiste. Engagé dans la lutte contre l'apartheid. Jusque-là, la police a toujours affirmé que cet homme de 29 ans s'est jeté du 10e étage du quartier général de la police de Johannesburg. Une version officielle que les proches d'Ahmed Timol démentent depuis de nombreuses années.
Selon sa famille, Ahmed Timol a été arrêté le 22 octobre 1971. Il est décédé cinq jours plus tard, dans l'enceinte même du poste de police, après avoir été torturé. Mais à l'époque, une enquête estime que « le meurtre est exclu et le seul fait de l'imaginer est ridicule ».
Quarante-six ans après ces faits, la justice a mené une nouvelle enquête. Pendant plusieurs semaines, devant la Haute Cour de justice de Pretoria, d'anciens militants anti-apartheid ont évoqué les tortures infligées par le régime ségrégationniste. Des médecins légistes ont décrit la gravité des blessures d'Ahmed Timol.
Les conclusions du juge Billy Mothle sont sans appel : « Ahmed Timol n'a pas sauté mais a été poussé du bureau 1026 ou du toit ». « Il ne s'est pas suicidé, poursuit ce magistrat, mais la police a tué Timol. » Ce juge a demandé au parquet de poursuivre Joao Rodrigues, l'unique policier en poste à cette époque toujours en vie.
Ce jugement a suscité de nombreuses réactions : le prix Nobel de la paix et ancien archevêque sud-africain, Desmond Tutu, a salué le courage de la famille d'Ahmed Timol. Cette famille a été « guidée non pas par la vengeance mais la soif de vérité et de justice ».