Avec notre correspondant à Dakar, Guillaume Thibault
Malgré le temps qui passe, les larmes coulent toujours autant devant les centaines de tombes anonymes. Sorna Aida Ndong a perdu son frère dans le naufrage du Joola : « C’était tout pour moi. C’était mon frère, mon ami, mon confident. Il avait 37 ans et je ferai ça jusqu’à mon dernier souffle ».
Ce cimetière créé pour l’occasion, isolé dans la grande banlieue de Dakar au bord d’une route, a la particularité de regrouper toutes les religions. Dans la foule, des anonymes, comme Abdoukarim Dionne, touché, marqué à vie par la catastrophe du Joola : « Ca fait bien longtemps que je viens ici parce que vraiment on ne sait pas ce qu’il s’est passé. Je considère qu’ils sont tous mes parents ».
Idrissa Diallo, président du collectif des familles du Joola a perdu ses trois fils, 15, 12 et 8 ans, dans le naufrage. S’il a de la peine, il a également de la colère contre les autorités qui ont, estime-t-il, oublié cette catastrophe : « On ne peut pas perdre plus de 2000 personnes et que les gouvernants, ceux qui étaient là et ceux qui sont là aujourd’hui, font comme-ci rien ne s’était passé. Je crois que ça, c’est manquer de respect et manquer de grandeur d’homme aussi ».
Quinze ans après le naufrage, les familles attendent toujours le renflouement de l’épave du Joola. Elles demandent aussi la création d’une journée de deuil national chaque 26 septembre.