Amnesty International parle de « tactique répressive » mise en place par les autorités tchadiennes d'abord via un arsenal juridique redoutable. Pour la seule année 2016, Amnesty a compté au moins 12 décrets interdisant des manifestations. Des décrets qui s'appuient sur des textes « archaïques », selon l'organisation, qui imposent une autorisation préalable alors que le droit de manifester est prévu par la Constitution. Près de 65 associations ont ainsi essuyé des refus de manifester entre 2014 et 2016.
Pour museler les voix dissidentes, le pouvoir s'appuie aussi sur l'Agence nationale de sécurité qui bénéficie de pouvoirs étendus, mais vagues depuis le mois de janvier, selon l'organisation qui demande à ce que le mandat de l'ANS soit revu. Cette pression croissante se manifeste aussi par du harcèlement téléphonique. Une écrasante majorité de militants interrogés par l'organisation ont été intimidés par des appels menaçants.
Le contexte s'est clairement détérioré ces deux dernières années résume Amnesty. L'organisation demande donc l'adoption d'une loi protégeant les défenseurs des droits humains. Elle réclame aussi la libération immédiate de tous les prisonniers d'opinion, dont un certain Tadjeddine Mahamat Babouri, détenu depuis près d'un an pour avoir diffusé des vidéos critiques contre le gouvernement sur Facebook.