Le gouvernement libyen a-t-il monnayé la fin du trafic de migrants à Sabratha?

Pendant des années, un grand nombre de migrants quittaient la Libye depuis la ville de Sabratha, située à 300 km des côtes italiennes. Mais la situation a changé. Aujourd'hui, peu de migrants transitent par cette ville. Habitants et activistes des droits de l'homme soupçonnent un accord secret entre le gouvernement de Tripoli et les deux plus grands passeurs de la ville, afin de faire arrêter ce trafic.

Il s'agit de deux frères, qui sont à la tête chacun d'une milice dans la ville de Sabratha. Ils auraient fait fortune en pratiquant toute sorte de trafic : armes, drogues, essence et surtout le trafic de migrants. Pour des habitants et des responsables locaux joints par RFI, cela ne fait pas de doute, le gouvernement de Fayez al-Sarraj a monnayé cet arrêt du trafic en partance de leurs côtes.

Selon une source sécuritaire bien informée, une rencontre a eu lieu, il y a quelques semaines, entre les trafiquants et des responsables gouvernementaux venus de Tripoli. A cette occasion, un accord aurait été conclu : en échange de l’arrêt du trafic, le gouvernement se serait engagé à faire table rase du passé criminel de ces miliciens et à les intégrer dans les rangs des forces qui lui sont fidèles. Selon cette même source, le gouvernement devrait également fournir à cette milice de l'argent et des véhicules.

Pas de commentaire sur cet accord de Khaled Gharabli, chef du conseil militaire de Sabratha, qui considère toutefois que « les trafiquants d'hier sont devenus les garde-côtes d'aujourd'hui ». Une situation que déplore Jamal al-Mabrouk, un activiste humanitaire. Pour lui, le gouvernement tente coûte que coûte de limiter la migration clandestine, quitte à se mettre en contradiction avec les lois internationales.

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