C'est dans la salle numéro un du tribunal de Dakar que le procès s'est déroulé mardi après-midi. D'un côté Kémi Séba et ses deux avocats, de l'autre, les avocats de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO). C'est elle qui avait porté plainte contre le Franco-Béninois et s'était portée partie civile dans cette affaire.
Kémi Séba a tout de suite reconnu les faits, mais s'est défendu d’avoir brûlé ce billet dans l'optique d'enfreindre la loi sénégalaise. Il s'agissait plutôt, a-t-il expliqué à plusieurs reprises, d'un acte symbolique pour « alerter l'opinion ». Ses proches avaient d'ailleurs déclaré après son arrestation que ce procès allait être celui du franc CFA.
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C'est effectivement de cette monnaie dont il a été question. Une monnaie qui, selon Kémi Séba, « n'appartient pas aux Africains ».
Le parquet avait requis trois mois de prison avec sursis. Pour l'accusation, le geste n'était pas symbolique, mais une véritable « atteinte » à l'honneur d'une institution qui représente huit Etats de l'Afrique de l'Ouest. L'accusation, qui avait demandé une condamnation à un versement d’un franc CFA symbolique en guise de dommage et intérêts, n'a donc pas été suivie par le tribunal.
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Son geste a ravivé le débat sur le maintien du franc CFA, mais sa proximité avec l'extrême droite française et ses idées suprémacistes font de lui un très mauvais avocat, regrette Hamidou Anne, du cercle de réflexion L'Afrique des idées.
L’activiste est en effet loin de plaire à tout le monde au Sénégal, y compris du côté de la société civile. Celle-ci était pourtant présente ce mardi au tribunal de Dakar, et s’est félicitée de cette relaxe. Pour Seydi Gassama, directeur de l’organisation Amnesty au Sénégal, ce procès n’aurait pas dû avoir lieu : « Kémi Séba a posé un acte symbolique pour sensibiliser les Africains au franc CFA. Tout le monde attendait ce verdict d’apaisement, mais un verdict qui reconnait également que le débat sur le franc CFA est un débat légitime qui doit avoir lieu et que l’on ne peut pas éviter ».
D’ailleurs, pour Me Koureyssi Ba, l’avocat de l’activiste, cette relaxe légitime son combat contre le CFA : « La décision a été accueillie avec beaucoup de joie par les partisans et je pense que ça peut les renforcer dans leur combat ».
Les avocats de la BECEAO n’ont pas souhaité s’exprimer après le verdict, ils comptent organiser une conférence de presse mercredi ou jeudi pour donner le point de vue de l’institution financière.