Le cas de Mahmoud Al-Werfalli relève d'un système largement répandu en Libye, un pays où le chaos s’est profondément installé depuis 2011. Les liquidations et les vengeances se sont généralisées. Toutes les forces armées commettent des exécutions sommaires. Elles sont tolérées par le pouvoir politique et tribal, pire encore, elles sont parfois légalisées par des fatwas religieuses.
Si la liquidation est une pratique largement répandue, les exécuteurs tiennent souvent, comme l'a fait Mahmoud Al-Werfalli, à filmer leurs actions, alors qu'ils savent que ces images les condamnent. Cet officier estime qu’il n'a fait qu'exécuter des peines de mort contre des terroristes ayant mené des actions contre l'armée.
A titre d'exemple, en mai dernier, 72 militaires de l'ANL, l’Armée nationale libyenne, ont été exécutés dans le Sud sur la base militaire de Barak Al Chati, après s'être rendus aux assaillants. Ces derniers étaient sous les ordres du gouvernement de Tripoli.
Le mois dernier, un aviateur de l'armée libyenne s'est éjecté de son appareil. Récupéré vivant par le conseil de Choura de Derna à l'est, des extrémistes en guerre contre les forces de Khalifa Haftar, il a rapidement été exécuté d'une balle dans la tête, d’après les constatations d’un médecin légiste.
A Syrte, ce sont des membres de l'EI capturés qui ont été liquidés par les forces loyales au gouvernement. Durant les combats de Benghazi, les soldats de l'ANL capturés par les islamistes étaient systématiquement exécutés, ce qui rajoute à la complexité de la situation et ne répond pas à la question que beaucoup de Libyens se posent depuis : pourquoi ce mandat d'arrêt contre Mahmoud Al-Werfalli et pas les autres ?