Djibril a quatre mois. A son arrivée, il pesait à peine plus de 3 kilos, la moitié du poids normal pour son âge. Sa famille a perdu toutes ses chèvres, source de lait. Le bébé s’est affaibli, d’autant que sa mère Hamdi Mahmoud Dupad avait cessé l’allaitement. « Je suis tombée malade et j’avais peur de le contaminer. Et puis pour moi ce n’était pas important. Ma mère ne m’a jamais dit que je devais allaiter mes enfants. »
Une situation qui n’est pas rare en Somalie où l’allaitement est victime de fausses croyances. « Certaines pensent qu’elles n’ont pas assez de lait, explique Haashim Issack Mire, nutritionniste. D’autres pensent qu’elles vont contaminer l’enfant, enfin il y en a qui ne savent pas comment faire. Des enfants que nous avions sauvés sont même revenus à cause de cela. Nous avons donc créé une formation. »
Dans une petite pièce au calme, avec des matelas par terre, Nadifa Abdullahi Alan est l’une des infirmières qui enseigne l’art de l’allaitement. « On leur montre la technique, on les sensibilise. Nous sommes en crise alimentaire, elles doivent allaiter, cela protègera l’enfant des maladies. »
Hamdi Mahmoud Dupad a suivi la formation, elle a repris l’allaitement de son fils. « Ma vision a changé. Je vais dire à mes filles et aux autres femmes qu’elles doivent absolument allaiter. » Djibril a pris 300 grammes en une semaine. Les médecins disent qu’il est sorti d’affaire.