CNSA désigné en RDC: la majorité satisfaite, une «escroquerie» pour l'opposition

La composition des principaux postes du Conseil national de suivi de l'accord (CNSA) du 31 décembre 2016 a été annoncée samedi soir, le 22 juillet. Et les réactions n'ont pas tardé. RFI a interrogé Aubin Minaku, président de l'Assemblée nationale, Christophe Lutundula pour l'opposition. Le président de l'UNC Vital Kamerhe a également fait part de son insatisfaction. Tandis que le président du comité de suivi fraîchement nommé, Joseph Olenghankoy, se dit prêt à «relever le défi».

Après la nomination de la direction du CNSA en RDC samedi 22 juillet, le président de l'Assemblée nationale et secrétaire général de la majorité présidentielle, Aubin Minaku ne cache pas sa satisfaction, en parlant d'une structure essentielle dans l'organisation des élections. Il appelle ce qu'il qualifie de « l'autre aile du Rassemblement » à participer à un processus qui sera, dit-il, transparent.

« L’installation du CNSA est un symbole important, démontrant que le cap sur les élections est réel et que, dans un délai responsable, nous allons de nouveau affronter le peuple. Voilà, c’est un motif de satisfaction pour la majorité présidentielle. L’essentiel c’est qu’il y a des composantes de la majorité et de l’opposition qui sont au bureau du CNSA et qui ont décidé d’œuvrer pour les élections. L’essentiel aussi, c’est que la porte n’est pas fermée pour les autres ».

RFI: l’opposition historique ne fait pas partie de ce conseil, est-ce qu’en l’état vous pensez que le processus peut aller de l’avant en RDC ?

« S’il y a un parti politique qui continue à tergiverser par rapport notamment au CNSA, par rapport au calendrier électoral qui sera dans un temps proche présenté à la population, c’est que ce parti cherche plutôt à traîner la population dans une approche plutôt insurrectionnelle, ce n’est pas démocratique et c’est inacceptable ».

« Nous ne sommes pas concernés », dit Christophe Lutundula

« Nous ne sommes pas concernés » a réagi hier Christophe Lutundula au nom de l'opposition historique, en réaction à l'annonce de la composition du Conseil national de suivi de l'accord du 31 décembre. Membre du Conseil des sages du Rassemblement et vice-président du G7, Christophe Lutundula accuse le président Joseph Kabila de tout mettre en œuvre pour s'éterniser au pouvoir. Le Rassemblement, dit-il, va tout mettre en œuvre pour que les élections soient organisées avant la fin de l'année, comme convenu.

« Il y a deux choses. La première, c’est que – et c’est pour cela que j’ai parlé d’escroquerie politique – le président Kabila fait semblant d’appliquer l’accord, alors qu’en réalité il ne prend que les apparences pour tromper l’opinion et il reste dans sa logique d’avoir les élections, quand il le voudra », estime l'opposant.

« La deuxième, c’est qu’aujourd’hui en RDC ni la Constitution, ni toute autre loi de la République et encore moins l’Accord de la Saint-Sylvestre, ne donnent pouvoir ni au président de la Céni, ni à une quelconque institution de la République de reporter, de renvoyer sine die, une élection, a fortiori une élection qui procède de la Constitution. Ça, ça ne produira aucun résultat ! Nous sommes sûrs (de) la volonté du peuple congolais, d’avoir les élections transparentes, crédibles, inclusives. Et cela avant le 31 décembre de cette année », souligne-t-il.

Vital Kamerhe refuse le poste de vice-président

Le président de l'UNC, Vital Kamerhe, qui a été désigné à l'un des trois postes de vice-président du CNSA, refuse d'y participer. Absent lors de la décision, il dénonce notamment les modalités de nomination, et plus précisément le fait que les choix aient été effectués par des délégués des partis, sous l'égide des présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.

« Le choix du président du CNSA ne devait pas se faire par les délégués, mais par les composantes après discussion, après négociation. Cela pouvait être sous la houlette du président de la République ou toute autre personne. Cela a été fait, on ne sait pas quand. Je suis dans mon fief natal, mon territoire et j’apprends que je viens d’être désigné vice-président CNSA. Je me suis dit : mais quand est-ce que ça a été fait ? Je ne suis pas un enfant qu’on nomme comme ça sans consulter et pourtant j’avais déjà été clair avec les amis de la majorité. Pour le moment, nous rejetons et nous disons que le plus important, c’est ce que le peuple congolais attend de nous. C’est cap vers les élections. Nous devons tous nous mettre debout comme un seul homme et exiger des élections. »

Olenghankoy veut « relever le défi »

En revanche, Joseph Olenghankoy, issu de la branche dissidente du Rassemblement de l'opposition, a accepté la présidence du CNSA. Il se dit prêt à assumer ses responsabilités et, surtout, à « relever le défi » qui attend le Conseil national de suivi de l'accord.

« Ma prière est de demander à ce que le Tout-Puissant me comble pour essayer d’assumer cette lourde responsabilité et de relever le défi tant attendu par notre peuple. Ce que j’entends par ce défi, c’est faire respecter ce qui est consigné dans l’accord. Mais aussi de conduire notre peuple vers les élections, dans la paix, la dignité de notre pays et la concorde nationale. Je crois que le défi réel à relever est là. Et de demander par la même occasion à tous les partenaires - africains, européens, américains - de nous aider à accompagner notre pays à réaliser ce rêve-là. Mais aussi à l’ensemble de notre peuple de se mobiliser comme un seul homme. Parce que c’est notre pays. Nous devons nous assumer jusqu’au bout, mais dans la paix, dans la dignité. »

Partager :