Ce devait être une grande marche pour dénoncer l'oppression et réclamer la libération des sympathisants du mouvement Hirak et notamment celle du leader Nasser Nefzafi. Mais la marche pacifique au départ a dégénéré en affrontement avec la police. Vers 17 heures, de petits groupes de manifestants ont commencé à se rejoindre dans plusieurs points de la ville.
La police est immédiatement intervenue avec une violence qui a surpris Youness, un militant de l'association marocaine des droits de l'homme : « J’ai vu trois fois un véhicule de police accélérer et foncer dans la foule pour disperser les manifestants. C’était une manière très dangereuse de chasser les manifestants. Sinon il y a eu une utilisation intensive de gaz lacrymogènes dans des petites ruelles et même à l’intérieur des maisons. C’est incompréhensible ce qu’ils ont fait. On est habitué à la répression des manifestations pacifiques mais, aujourd’hui, c’était cruel. Un véhicule qui fonce dans la foule pour disperser, on ne s’attendait pas à cette cruauté. »
Des manifestants ont été arrêtés, tabassés, comme le raconte Ayoub, un activiste : « J’ai vu la manière dont ils ont arrêté un manifestant. Ils l’ont matraqué, ils l’ont frappé, ils l’ont emmené dans la voiture de police. Ils étaient vraiment très violents. A la place de répondre aux revendications des manifestants, ils répondent par la répression, par la violence. »
La préfecture d'Al Hoceima a dénombré 72 blessés, dont deux graves dans les rangs des forces de l'ordre. Côté manifestants, le bilan officiel fait état de 11 blessés. Un manifestant de 16 ans aurait été gravement blessé et serait actuellement à l'hôpital de Rabat. De nombreuses personnes et notamment Hamid el-Mahdaoui, le directeur d'un site d'information local ont été placés en détention provisoire, portant le nombre d'arrestations à 176 depuis le début du mouvement. La connexion internet a été largement ralentie jeudi, par moments interrompue, et le réseau téléphonique a été perturbé dans toute la ville. « Ils veulent matraquer en silence, s'indigne Ayoub, mais c'est peine perdue. Nous restons mobilisés. »