Des centaines de meurtres, des viols, des milliers de maisons détruites. Des exactions commises par les groupes armés qu'ils soient antibalakas ou issus de l'ex Seleka, recensées surtout dans le Centre et l'Est du pays ces trois dernières années. Le travail de Human Rights Watch est loin d'être exhaustif mais il vise à donner à la Cour pénale spéciale de quoi traduire en justice des chefs de guerre. Avec une crainte, explique Lewis Mudge de Human Rights Watch, que les leaders de groupes armés parviennent à se faire amnistier à la faveur d'un accord de paix.
En finir avec l'impunité
Pour l'ONG américaine, la mise en place de la CPS est une occasion unique pour la Centrafrique de rompre avec le cycle de crises à répétition nourries par l'impunité généralisée. « Il est complètement hors de question de donner cette amnistie, martèle Lewis Mudge à RFI. Il faut avoir un mécanisme pour mettre fin à l'impunité, pour donner un signe aux autres groupes armés, aux autres dirigeants que le temps de l'impunité est fini ! »
Alors qui pour arrêter ces chefs de guerre dans un pays sans armée et avec des forces de sécurité indigentes ? La Minusca peut le faire et l'a déjà fait, poursuit Lewis Mudge. « Il ne faut pas oublier que la Minusca a déjà arrêté pas mal de combattants, côté anti-Balaka et côté Seleka ». Et Lewis Mudge de rappeller l'arrestation du chef des MPC, Idriss El-Bachar.
Aller plus loin que le Mapping Report de l'ONU
« On n’est pas des juges, on n’est pas des procureurs, mais c’est vrai qu’on a essayé de publier un rapport assez détaillé pour donner une première piste - peut-être - pour les enquêteurs de la Cour pénale spéciale », poursuit Lewis Mudge qui salue le Mapping Report des Nations unies. « C’est un gros travail et franchement, à Human Rigths Watch, on les félicite de ce travail.
Mais malheureusement dans ce rapport, selon leurs règles, ils ne sont pas capables de donner les noms. Dans notre rapport nous avons identifié les chefs des groupes armés dont les combattants ont commis des crimes de guerre. Les gens qui sont à la tête des groupes, sur place, sur le terrain».
Human Rights Watch estime que le financement international de la CPS, qui assure un an de fonctionnement pour le moment, est insuffisant. L'ONG exhorte aussi la Minusca à remplir son mandat de protection des civils de manières plus ferme.