Ils sont cinq à jouer aux dames au milieu des tentes de fortune et des eaux usées qui se déversent à côté. Vinserge a fui son quartier après les derniers affrontements de la semaine dernière. Sans rien pouvoir emporter, même pas sa machine à coudre qui le faisait vivre. « On n'a pas récupéré, c'est déjà brûlé, confie-t-il. On n'a rien à faire, seulement le damier. Ça c'est le jeu seulement, on n'a rien. Pas de travaux. Il n'y a rien à faire à Bria. »
Malgré leur vie sur le site, ces jeunes filles continuent de rire. Melissia a dû fuir, elle aussi pour éviter de se faire tuer. Cette jeune femme de 22 ans, mère d'un enfant de 3 ans, se plaint des conditions d'hygiène sur le site : « Ce n'est vraiment pas bon. Les gens défèquent par ci par là, à l'air libre. On a des problèmes d'eau aussi et ce n'est pas bon non plus pour les enfants. »
Et les choses ne sont pas près de s'arranger. Sur les 400 latrines dont le site a besoin, Oxfam, qui s'occupe de l'eau et assainissement sur place, n'a pu en construire que moins la moitié en raison des difficultés à acheminer le matériel. Et cela peut avoir de graves conséquences comme l'explique Hamado Ouedraogo, responsable Wash de l'ONG à Bria. « Lorsque les conditions en termes d'eau et assainissement ne sont pas adéquates, il va de soi que ça crée des problèmes de maladie telles que la dysenterie et même dans des cas extrêmes, ça peut créer le choléra », explique-t-il.
Avec les groupes d'autodéfense qui continuent de sillonner la brousse voisine et la menace de nouvelles explosions de violence à Bria, les 40 000 déplacés de la ville risquent bien de rester encore longtemps ici.