Pour cette reprise du procès, la salle de la cour d’appel de Cotonou, plutôt grande, n’est pas pleine comme c’est habituellement le cas de procès très attendus où la foule se masse même à l’extérieur.
Sur les bancs, quelques clients spoliés, plus souvent des proches, les témoins, les curieux. Cela peut paraître étonnant, mais il y a deux explications. La première, c’est le volet pénal, donc c’est le sort des dix accusés qui est examiné. On ne parlera pas du dédommagement, or c’est cela qui intéresse les épargnants. Des épargnants qui souvent ne veulent pas se montrer parce qu’ils ont honte. C’est ce qu’a confié à RFI le frère d’une commerçante qui a perdu 32 millions de francs CFA, honte de leur naïveté ou de leur cupidité.
Trois jurés victimes
Les débats se sont intéressés au fond du dossier ce jeudi. Les dirigeants d’ICC-Services ont été appelés à la barre après la sélection minutieuse des jurés, la défense voulant sortir de la liste ceux qui ont placé de l’argent auprès d’ICC. Cela a d’ailleurs été le cas de trois jurés sur une liste de dix-huit et cela montre bien l'ampleur du scandale au Bénin.
Même l’avocat d’ICC-Services parle d’une catastrophe nationale. Des milliers de Béninois, aussi bien de petits artisans que des magistrats, ont placé de l’argent contre la promesse de 160% d’intérêts par an. Certains ont été ruinés et sont encore dans la détresse aujourd’hui. Il y a même eu des morts, des gens qui se sont suicidés ou qui sont décédés de suite de maladie.
Mais difficile de donner le nombre exact de clients spoliés. La liste dont dispose la justice comporte environ 54 000 noms. Elle est issue des ordinateurs d’ICC-Services et, selon les avocats de la défense et celui de la partie civile, il n’y en a qu’un, elle n’est pas fiable. En effet, il peut encore y avoir les noms de ceux qui avaient retiré leurs fonds à temps, avant que le scandale n’éclate, et il peut aussi manquer certains clients.