Face à l’accroissement des défis sécuritaires au centre du Mali, l’ONU s’apprête à dépêcher dans cette région des casques bleus : « Nous attendons un déploiement prochain dans le centre du pays, qui, à travers la présence d’une force de réaction rapide qui sera déployée par le Sénégal, aidera à répondre aux défis sécuritaires de cette région. Mais il y a d’autres progrès à faire. Cela a trait à l’addition d’équipements et de moyens technologiques qui permettront d’être plus efficace », explique Jean-Pierre Lacroix, le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.
Le contingent sénégalais était déjà présent dans le nord du pays, d'autres éléments arriveront prochainement dans le centre. Ils devraient opérer depuis la base de Mopti Sévaré, déjà largement employée par les Nations unies. Le chiffre de 650 soldats a été avancé dans la presse, mais cela n'a pas été confirmé par le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU lors de sa visite.
Dans cette région, pas de force de réaction rapide sans hélicoptère. Avec la saison des pluies, la zone du fleuve va rapidement devenir difficile d'accès. Afin d'être mobiles autour des zones de marécages, les groupes armés terroristes utilisent le plus souvent des motos et des pinasses, mais les forces de l'ONU auraient bien du mal à les poursuivre avec leurs Blindés. Après l'attaque de la base de Gourma Raous, fin avril, ce sont les Français de Barkhane qui étaient intervenus en réaction, parvenant à retrouver les pick-up des terroristes et à les détruire. La Minusma avait également envoyé des hélicoptères, basés à Gao, mais l'ONU n’avait pas engagé le combat.
Le Sénégal, qui arme la force de réaction rapide de la Minusca (en Centrafrique) avec des hélicoptères d'attaques pourrait envoyer ses propres aéronefs au Mali prochainement. A moins que les commandos sénégalais ne prennent place dans des machines allemandes sous couleurs des Nations unies.
Au cours de sa rencontre avec la presse, le diplomate onusien a aussi relevé quelques avancées dans l’application de l’accord de paix d’Alger. Mais quasiment deux ans après sa signature, d’une manière générale l’application de l’accord est poussive pour Jean-Pierre Lacroix : « Deux ans de l’accord de paix, il y a eu indubitablement une lenteur dans la mise en œuvre, des retards. » Et quand on lui demande si c’est le gouvernement malien ou les groupes armés qui sont responsables de cette lenteur, l’envoyé de l’ONU botte plutôt en touche.