Les miliciens islamistes ne décolèrent pas à Tripoli. En théorie sous l'ordre du gouvernement, ces forces menacent de chasser le Premier ministre s'il se réconcilie avec le maréchal Haftar. Fayez al-Sarraj, face à aux réactions des islamistes, a préféré ne pas quitter Tripoli pour Le Caire.
Depuis le 2 mai, date de la première rencontre entre les deux protagonistes de la crise libyenne, les miliciens islamistes multiplient les protestations sur le terrain. Suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères considérant Khalifa Haftar comme le chef légal de l'armée, ils ont occupé le ministère des Affaires étrangères, accroché sur ces murs des photos de Khalifa Haftar entaché de sang, le qualifiant de « criminel de guerre ».
Quant au ministre Mohamed Taher Siala, il est depuis bloqué à Tunis. L'un des chefs de milices islamistes, Salah Badi, est même allé jusqu'à menacer de brûler Tripoli avec des armes chimiques.
Le Premier ministre n'est d'ailleurs pas aidé par l'armée libyenne de l'Ouest, pourtant en faveur de la réunification de l'armée, des officiers ont tenu une réunion dimanche soir et ils ont refusé, eux aussi, l'autorité de Khalifa Haftar.
Que veut Fajr Libya ?
Les islamistes libyens n'ont jamais accepté d'avoir perdu les élections législatives de juin 2014, élections largement remportées par une coalition des partis politiques et des membres indépendants de la société civile. Dès lors, ils ont cherché à obtenir par les armes ce qu'ils ont perdu dans les urnes.
Les armes et les intimidations, car ils commencent alors à adresser des menaces systématiques aux intellectuels, aux symboles de la société civile, mais aussi aux hommes politiques. Ces islamistes forment ensuite une large coalition composée de Frères musulmans et de différents partis extrémistes, dont al-Qaïda. Le tout s'organise sous le nom de Fajr Libya. Ils envahissent la capitale et la dominent au bout de quelques semaines de combats.
Le travail du Parlement élu, ainsi que celui du gouvernement, devient impossible. Les élus et les ministres cherchant à garantir leur sécurité déménagent alors vers l'Est.
Aujourd'hui, le gouvernement d'union nationale, issu de l'accord politique inter libyen, est pris en otage et devient de plus en plus dépendant de la volonté de ces islamistes. Face au récent rapprochement Haftar-Sarraj, Fajr Libya menace, à nouveau, d'envahir la capitale.