« Ces découvertes soulignent l'horreur qui continue dans les Kasaï », a déclaré ce mercredi 19 avril Zeid Raad Zeid Al Hussein, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, à propos de la République démocratique du Congo.
« Les enquêteurs sont allés dans plusieurs localités après des soupçons de violations des droits de l'homme, explique sur RFI Liz Throssell, porte-parole du HCDH nous en dit plus. A Tshimbulu, ils ont découvert quinze fosses creusées dans le cimetière. Deux autres ont été trouvées à Tshienké. Un examen médico-légal est indispensable pour savoir qui sont les victimes, combien sont-elles et qui les a tuées. »
Selon les enquêteurs de l'ONU, des soldats congolais ont creusé ces fosses communes. « Cela s'est passé après des combats fin mars entre FARDC et membres présumés des Kamuina Nsapu, ajoute Liz Throssell. Ces violences auraient fait au moins 74 morts dont 30 enfants, tués par les militaires. On ne peut pas encore affirmer que ces morts sont les personnes enterrées dans les fosses. Mais cela donne une vision globale de la violence, et des violations des droits de l'homme dans cette région. Une véritable enquête indépendante doit être menée. »
Désormais, ce sont 40 fosses communes que les Nations unies ont découvertes dans les Kasaï depuis août 2016. Car ces 17 viennent s'ajouter aux 23 autres déjà découvertes dans les territoires de Luiza, de Dibaya et près de Kananga. Sachant que de nouveaux sites pourraient encore être découverts.
La question d'une enquête internationale
Prochaine étape désormais : exhumer ces fosses. Car les corps recouverts de terre ne disent rien sur leur identité ni leur nombre. Rien non plus sur l'identité de ceux qui les ont tués. Seule une expertise médico-légale pourra fournir de tels éléments. Une compétence qui n'existe pas au sein de la police congolaise. Le HCDH et les organisations de défense des droits de l'homme plaident donc pour une enquête internationale au vu du nombre et du caractère systématique de ces fosses communes.
Le gouvernement congolais, lui, exige que l'enquête reste nationale. Fin mars, il s'était engagé à ce que l'ONU et l'UA soient associés aux investigations congolaises. Mais un mois plus tard rien. La mission de l'ONU au Congo attend toujours. Elle regrette même des entraves pour accéder à certains sites et à certains témoins notamment ceux qui se trouvent en détention.