Jusqu’à 5 000 personnes, surtout des femmes et des enfants, auraient été kidnappées par Boko Haram au Nigeria de 2010 à 2016. Qu’il s’agisse d’exploitation sexuelle, de mariages forcés ou de travail forcé, les jihadistes ont surtout besoin de jeunes. Mais les rapts permettent aussi à Boko Haram de se financer.
Car les enlèvements contre rançon rapportent gros. Selon le département du Trésor américain, ces kidnappings ont permis à Boko Haram d’empocher 165 millions de dollars de 2008 à 2013.
D’importantes sommes sont parfois versées pour des prisonniers étrangers. Cela fut le cas pour la libération d’une famille française de sept personnes kidnappée au Cameroun ou de l’épouse du vice-premier ministre du Cameroun.
Selon Martin Ewi, un chercheur de l’Institut d’études de sécurité, à Pretoria, les sommes exigées pour la libération de citoyens nigérians varient énormément. « Ça va de 1 000 dollars jusqu’à un million de dollars. Ça dépend si l’on constate que c’est une famille riche, ils vont fixer des rançons très élevées », explique-t-il.
En tout cas, le retentissement mondial de l'enlèvement des lycéennes de Chibok n’a pas empêché les jihadistes de continuer à kidnapper des jeunes gens. Il a même poussé Boko Haram à négocier plus durement leur libération, selon Martin Ewi.
Pour Boko Haram, il ne suffit pas de recueillir des fonds. Encore faut-il investir cet argent sale. Lagos a renforcé son arsenal juridique depuis 2013 pour combattre le blanchiment d’argent. Mais aux yeux des experts, la volonté politique de faire respecter les lois dans ce domaine fait parfois défaut.