Parée d’une petite veste, d’un jean et de ballerines rouges, Sylvie vient de participer à la « marche du souvenir », organisée vendredi 7 avril, pour le premier jour des commémorations.
Au milieu de la foule, elle assure se sentir « entourée et forte ». La jeune rwandaise avait trois mois lorsque le génocide a éclaté. Les massacres ont emporté ses deux parents et la majorité de sa famille. Elle a été miraculeusement sauvée par une voisine avant d'être confiée à un orphelinat.
Si Sylvie a été prise en charge par le gouvernement et a pu faire des études, le drame a marqué son enfance. « Quand tu vois les parents qui rendent visite à leurs enfants à l'internat et que pour toi il n'y a personne, tu te sens un peu seule au monde », témoigne-t-elle.
Seule, au lendemain du génocide, Sylvie a dû trouver sa place dans une société profondément meurtrie. « On se demandait souvent comment on pouvait vivre avec les enfants de ceux qui ont tué nos parents, les membres de nos familles. On était honteux, on était peureux », raconte-t-elle.
Depuis, Sylvie a fini ses études universitaires et a parcouru beaucoup de chemin. Elle assure avoir même réussi à pardonner aux assassins de sa famille. Une démarche qui selon elle s'est imposée comme une nécessité : « Quand tu es toujours blessée à l'intérieur et que tu ne peux rien faire... Je ne pouvais pas les tuer en retour. Je me suis donnée la paix. »
Résolument optimiste, Sylvie dit avoir confiance en l'avenir, le sien et celui de son pays.