Ferdinand Mukurira, 54 ans, fait un signe de croix. Encore bouleversé, ce fermier de Kigarama en périphérie de Kigali raconte comment mardi matin il a retrouvé une de ses vaches, l'encolure lacérée, visiblement à coups de machette.
« A son réveil, mon enfant est sorti et a vu la vache avec sept entailles profondes jusqu'à l'os. Je n'étais en conflit avec personne. C'est d'ailleurs la question que la police m'a posée », raconte le fermier.
Ferdinand Mukurira, rescapé du génocide, a perdu sa femme et un fils dans les massacres en 1994. Il pense que derrière l'attaque de sa vache, c'est lui en tant que rescapé qui était visé : « Je pense que c'est pour nous traumatiser parce que pendant cette période de commémoration, les souvenirs de ce qui s'est passé pendant le génocide ressurgissent très facilement. »
Un peu plus tard ce même mardi, deux attaques similaires sur du bétail appartenant aussi à des rescapés se sont produites à Nyamata dans sud du pays et à Rustiro plus à l'ouest.
La police rwandaise, qui a lancé des enquêtes, a expliqué ne pas être pour l'instant en mesure d'établir les motivations de ces attaques. Mais selon Ibuka, la principale association de rescapés du génocide, les menaces envers les rescapés et les atteintes à leurs biens sont récurrentes, chaque année à l'approche des commémorations.
Egide Nkuranga, le vice-président d'Ibuka a fermement condamné ces attaques. La réconciliation « prend du temps », reconnait-il.
La période de deuil va débuter avec une cérémonie au mémorial du génocide de Gisozi à Kigali au cours de laquelle le président rwandais Paul Kagame va allumer une flamme du souvenir.