Pretoria n’a violé aucune loi en refusant d'arrêter le président du Soudan. C’est du moins ce qu’a soutenu Dire Tladi, conseiller juridique de l'Afrique du Sud à la CPI. Pour ce professeur de droit, Pretoria ne pouvait rien faire parce que les lois et règles en la matière, sans parler de la jurisprudence, sont « incohérentes ».
Dire Tladi a aussi pointé les facteurs diplomatiques, qui auraient empêché l'Afrique du Sud d'arrêter un président africain en exercice. « Nous ne pouvons pas nous retirer de l'Union africaine ou adopter une position qui laisserait croire que nous n'accueillerons pas des chefs d'État de l'Union africaine. C'est totalement impossible. »
Les procureurs de la CPI ne l’entendent pas de la même oreille. Pour Julian Nicholls, Pretoria avait l’obligation légale de l’arrêter. « Ce qui est inacceptable et ce que nous constatons, c'est qu'un Etat partie passe simplement outre à son obligation de coopérer avec la Cour parce qu'il n'est pas d'accord avec la loi », dénonce-t-il.
Les juges devront décider si Pretoria à « manqué à ses obligations ». Si c’était le cas, ils pourraient renvoyer l'Afrique du Sud devant l'Assemblée des Etats parties au Statut de Rome et le Conseil de sécurité de l'ONU. Trois pays, le Tchad, Djibouti et l'Ouganda, se sont déjà fait taper sur les doigts pour avoir accueilli le président Béchir. Aucune sanction n’a été prise à leur encontre jusqu’à maintenant.
La décision des juges doit être annoncée avant les « vacances judiciaires » de la Cour, qui commencent le 22 juillet.