« Ce n'est pas la vengeance qui résoudra le problème ». Le nonce apostolique critique clairement la méthode brutale employée par le pouvoir congolais contre la rébellion Kamuina Nsapu. Selon Luis Mariano Montemayor, les autorités, notamment provinciales, ont tendance à répondre uniquement par la violence.
Une réponse inadaptée alors que la situation « a empiré et s'est généralisée dans le Grand Kasaï », souligne le communiqué de l'Eglise. « C'est une insurrection en règle qui exige une réponse politique », déclare le nonce apostolique.
Les religieux condamnent le recrutement des jeunes, des enfants, les jugements arbitraires et l'assassinat des civils par les insurgés. Mais ils demandent aussi aux forces de l'ordre de faire preuve de retenue et de briser cette spirale destructrice qui contraint les civils à fuir massivement, « dans une précarité humanitaire et sanitaire insoutenable », dit le texte.
Opération à Kananga
Les ecclésiastiques s'alarment notamment d'une opération menée depuis mardi dans plusieurs communes de Kananga et destinée à nettoyer la zone de présumés miliciens Kamuina Nsapu. Une opération qui a, semble-t-il, fait souffler un vent de panique dans la zone. Des habitants décrivaient vendredi des écoles fermées, le marché qui tourne au ralenti et la panique dans au moins trois communes, avec des dizaines d’habitants prenant la fuite.
Le nonce apostolique Luis Mariano Montemayor s’inquiète de graves violations des droits de l’homme par les militaires. « Il y a des perquisitions dans des maisons sans mandats, il y a des détentions arbitraires, il y a même des accusations de tuerie, de morts pendant l’opération. »
Combien de civils ont été tués ? « Aucun », affirme le porte-parole de l’armée congolaise pour les Kasaï Anthony Mwalushayi, qui dément tout dérapage pendant cette opération.
La Cenco, le nonce et l'archevêque estiment qu'une enquête internationale est nécessaire car « on ne peut pas abandonner les gens à leur sort », conclut pour sa part le nonce Luis Mariano Montemayor.
Le coup de semonce de la CPI
C'est un avertissement à peine voilé que la Cour pénale internationale lance à la République démocratique du Congo. Alors que les violences continuent dans les provinces des Kasaï, le procureur de la CPI Fatou Bensouda a diffusé un communiqué dans lequel elle ne cache pas sa préoccupation par rapport à la situation. Mais elle explique aussi que la Cour pourrait se saisir du dossier.