Un homme s'emporte dans les couloirs en hurlant « Azawad ! », plus loin la séance est même suspendue après un débat tellement houleux qu'il a fallu évacuer les personnes de la salle. Le palais de la culture a pris d'étranges airs d'agora grecque.
Abdoul Karim Agmata est membre de la CMA. « Le Mali a été construit sans les Touaregs, sans les populations du nord, sans les populations de l’Azawad, les Maures et les Arabes et aujourd’hui, on est venu dans cette commission pour construire un Mali dans lequel nous on se voit, dans lequel on a apporté notre touche, dans lequel demain on ne pourra pas dire qu’on n’a pas mis notre touche. »
Zenabou Mohammed vient de Tombouctou, devant tout le monde elle a pu expliquer les persécutions qui pèsent sur les nomades dans cette région. « Maintenant, quand il y a une attaque, les éleveurs sont obligés de se renseigner. Par exemple, je suis ton frère, je t’appelle : "est-ce que les Famas sont passés, parce que j’ai mes animaux de l’autre côté, est-ce que je peux venir les chercher ?" et si tu me dis oui et qu’après, ils prennent quelqu’un, on peut te dénoncer. (…) Vraiment, on a peur de tout le monde. On a peur des Famas, des jihadistes, de tout le monde. »
Mal gouvernance, Azawad, partition du Mali, développement, aucun sujet n'a été interdit. Reste à voir si ces agoras, au-delà du défoulement temporaire, vont permettre de trouver des solutions.
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