Au-delà des déclarations de certains responsables des Brigades des révolutionnaires de Benghazi eux-mêmes, c'est maintenant Mahdi al-Barghathi, le ministre de la Défense au gouvernement d’union nationale à Tripoli, qui fait état d'un lien existant en Libye entre al-Qaïda et l’organisation Etat islamique. « L’EI cherche à réorganiser ses rangs et se positionne dans le sud de la Libye avec l’appui d’al-Qaïda et de Mokhtar Belmokhtar », a affirmé le ministre la semaine dernière, dans le Daily Telegraph.
Déjà cet été, un ensemble de documents trouvés à Syrte et diffusés par les milices de Misrata constituait une preuve matérielle établissant ce lien. Ces pièces montrent que plusieurs groupes jihadistes proches d'al-Qaïda sont financés par l'organisation EI dans les villes de Benghazi, Ajdabiya et Derna.
D'ailleurs, il y a quelque mois, Mohammed al-Darsi, le chef du conseil de la Choura, l'un des groupes qui combattent aujourd'hui sous l'étendard des Brigades de défense de Benghazi (BDB), reconnaissait que son groupe « s'est allié avec l'EI pour combattre l'armée libyenne ». Une déclaration faite à une revue d'al-Qaïda éditée au Yémen et reprise dans la presse libyenne.
Contrairement à la scène syrienne ou irakienne, ces groupes jihadistes, qui se régénèrent en permanence en Libye, appartiennent à al-Qaïda. Mais ces groupes n'hésitent pas à faire allégeance à l'organisation EI, qui les finance.
L'inquiétude de l'Africom
Le 9 mars dernier, le général Thomas D. Waldhauser, exprimait son inquiétude devant le Sénat américain. Il a souligné que le groupe EI était en train de se reconstruire au sud de la Libye. « La multiplication des milices et les fractures entre les factions de l'est et de l'ouest ont exacerbé la situation sécuritaire » en Libye, ce qui risque, selon lui, d'impacter les pays voisins. Il a estimé que l’instabilité en Libye constituait à court terme « la menace la plus significative » pour les intérêts des Etats-Unis et ses alliés dans le continent. (Son intervention devant le Sénat en anglais)