A Kananga l'unité de casque bleu attendait toujours mardi soir l'arrivée d'un enquêteur de l'ONU envoyé par Kinshasa pour coordonner les recherches. Michael Sharp, Zahida Katalan et leurs quatre accompagnateurs congolais ont disparu depuis dimanche. Depuis lundi, un hélicoptère de la mission de l'ONU au Congo tente de les localiser, sans succès. De même, au sol, avec une patrouille de la Monusco composée de deux blindés. Mais celle-ci progresse difficilement dans cette zone assez vaste où il n'y a pratiquement que des pistes en terre. Les autorités congolaises, de leur côté, disent avoir déployé des militaires pour les recherches.
Reste que depuis dimanche il n'y a aucune réponse à deux questions : les experts sont-ils encore en vie ? Et qui est derrière cette disparition ?
Tout ce que l'on sait, c'est que l'axe Tshimbulu-Bukonde, sur lequel les six personnes ont disparu, est une route relativement dangereuse même si elle est ouverte à la circulation. Ces derniers mois, des accrochages entre l'armée et les adeptes de Kamuina Nsapu en pleine rébellion ont régulièrement eu lieu dans cette zone, dont le dernier date de ce vendredi 10 mars à Bukonde. C'est donc une zone où on trouve à la fois des adeptes du chef traditionnel Kamuina Nsapu et des éléments de l'armée congolaise.
Pourquoi les experts se trouvaient-ils là ? Le mandat des experts onusiens est très large. Il s'agit justement de travailler dans des zones de conflit pour enquêter sur de possibles violations d'un embargo sur les armes, mais aussi des violations des droits de l'homme ou encore l'exploitation des ressources naturelles. Leur mission est notamment d'identifier des personnes pour les soumettre au comité de sanctions de l'ONU.
Quoi qu'il en soit, la situation est inédite : jamais des experts de l'ONU n'avait été portés disparus en République démocratique du Congo.
Des coups de feu tirés à Kananga
Du côté de Kananga, capitale du KasaÏ-central, des tirs ont été entendus mardi matin en plein centre-ville, alors même qu'une délégation du gouvernement est sur place pour tenter d'apaiser la situation de rébellion en place depuis six mois. La résidence du gouverneur était visée par une centaine de miliciens. Lors d’une phase d’accalmie, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadari est lui-même sorti à pied pour se rendre compte de la situation. Certains habitants ont parlé d'au moins trois morts sur la principale avenue de la ville. Ils ont eu du mal à comprendre comment une telle attaque a pu avoir lieu en pleine phase de négociations.