Mardi, les débats ont duré à peine 20 minutes. A midi, la foule venue assister en masse à l’ouverture du procès de Hiary Rapanoelina et de son épouse s’éparpille en salle des pas perdus. Au milieu d’elle, en pleurs, hébétés, les proches des deux prévenus cherchent la sortie. « Pardon, on ne peut pas parler, s’excuse le frère de Hiary, on est sous le choc, on ne s’attendait pas à ça ! »
« Ca », c’est le fait que l’administrateur du groupe Facebook retourne en prison. La justice a retenu trois chefs d’inculpation contre lui : menace d’enlèvement et d’extorsion de fonds, injures et diffamations publiques. « L’Etat ne devrait pas être aussi sévère, témoigne maître Andriamiseza, l’avocat du couple Rapanoelina. Je suis plutôt étonné parce qu’il n’y a plus de partie civile, il n’y a plus de plaignant donc il n’y a plus de délit ! »
Visiblement, le procureur ne l’a pas entendu de cette oreille-là. La menace d’enlèvement et d’extorsion de fonds, proférée anonymement par un membre du groupe Facebook à l’endroit d’un député, reste un délit puni par le Code pénal. Et en tant qu’administrateurs, Hiary et son épouse pourraient être tenus pour responsables de ces écrits.
« Pourraient », car pour le moment, aucune loi malgache, pas même la nouvelle loi de communication, ne traite de cette situation-là. « Cette loi (sur la communication, ndlr) n’a pas encore vraiment reçu une application pratique, poursuit l’avocat. Donc on est obligé de se référer à la loi française, enfin à la jurisprudence étrangère. »
L’avocat a plaidé l’innocence de ses clients. Le procureur, lui, les poursuit pour menace d’enlèvement et d’extorsion de fonds. Le couple risque jusqu’à 5 ans de prison et 100 millions d’ariary d’amende (30 000euros). Le verdict sera rendu le 7 mars.
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