Cette audience était purement formelle. Dans la salle de la Cour d’assises bondée, les dix inculpés ont pour la première fois pris place sur le banc des accusés. Dix hommes, tous militaires ou miliciens fidèles à Laurent Gbagbo pendant la crise post-électorale.
Pendant quelques minutes, ils ont pris la parole pour décliner leur identité. Parmi eux, Bruno Dogbo Blé. En costume bleu marine, tiré à quatre épingles, l’ex-général patron de la garde républicaine de l’ancien chef d’Etat, a salué ses proches, venus nombreux.
Lorsque le président de la cour lui demande s’il connaît les noms des victimes, il ne sera capable de n’en citer qu’un. Il dit avoir oublié les autres.
Torturés et tués au palais présdientiel, selon l'enquête
S’en sont suivies deux longues heures de lectures de l’acte d’accusation. La greffière a ainsi rappelé comment, selon l’enquête, Stéphane Frantz Di Rippel, le directeur du Novotel, Yves Lambelin, le patron de la plus importante entreprise privée du pays et ses deux collaborateurs, Chelliah Pandian et Raoul Adeossi, ont été enlevé le 04 avril 2011, ont été emmenés au palais présidentiel puis torturés et tués.
Une version contestée par la défense qui clame l’innocence des inculpés. La défense qui a ensuite soulevé des exceptions. Pour des raisons matérielles et territoriales, la Cour d’assises n’est pas compétente, a-t-elle plaidé.
« Nous devons nous réconcilier grâce à la justice, mais dans la légalité », ont martelé les avocats. L’audience va-t-elle se poursuivre ou pas ? Le président du tribunal doit trancher ce mercredi matin. Si c’est le cas, on abordera le cœur du dossier. Pourquoi cet enlèvement ? Qui en a donné l’ordre ? Et alors qu’une seule dépouille a été retrouvé, où sont les autres corps ? Des dizaines de témoins doivent être entendus pour ce procès qui doit durer plusieurs semaines.