Madagascar: la culture urbaine à l’honneur

Salle comble samedi soir à l'Institut français de Madagascar. Ils étaient des centaines venus assister à la projection du documentaire Mada Underground, réalisé par Philippe Chevallier et Denis Sneguirev en 2016. Un témoignage poignant du quotidien de six artistes malgaches qui, confrontés au manque de moyens, redoublent d'ingéniosité et de créativité pour mener à bien leurs projets. Un film sur l'art urbain à Antananarivo, sur le mélange des cultures, et le choc des mentalités.

Dans la salle, le public est conquis. Temandrota le plasticien, Naty Kaly le rappeur-graffeur, Caylah la slameuse, Toté, Enderika et Tolotra, les trois skateurs, ont ému les spectateurs, par leur parcours, leurs convictions, leur volonté de faire vivre un art encore décrié.

« C'est époustouflant ! Ca reflète bien la volonté des jeunes malgaches de faire des choses, malgré les difficultés de la vie », confie une femme. « C'est génial. En tant que jeune, ça donne envie de continuer les efforts », dit un autre spectateur. « C'était très émouvant à regarder, renchérit une autre. C'était intéressant de découvrir des endroits de Tana qu'on n'a pas l'habitude de voir, même quand on habite la capitale et de recueillir une vision très positive de beaucoup de gens. »

Temandrota, c'est le plasticien. Un pied dans son village du Grand Sud, l'autre dans la capitale, l'artiste est comme un médiateur entre deux mondes que tout oppose. S'il a accepté de participer au documentaire, c'est pour montrer que son art, aussi urbain soit-il, communique avec les traditions : « Je dirais que ça va changer plus la réflexion des gens, sur l'approche des artistes à Madagascar. Pourquoi on investit dans ce contexte du pays, pourquoi on est artiste ici. Ca questionne aussi nos politiciens : un pays sans culture ça n'existe pas. Et moi, à Madagascar, je dirais que c'était une chance de vivre comme ça. »

Témoignages, bande-son, images : tout dans ce film interpelle. Mada Underground montre une facette méconnue de la Grande Île, sans complaisance ni jugement. Une pépite, promise à un bel avenir. Le documentaire vient d'ailleurs d'être sélectionné pour concourir au FIPA, le Festival international de programmes audiovisuels.

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