Le procès Gdim Izik, un exercice de transparence pour la justice marocaine

Deuxième jour du procès de l’affaire de Gdim Izik, opposant 24 militants sahraouis à une dizaine de familles de victimes des émeutes qui avaient secoué la ville de Laâyoune en 2010, dans le Sahara occidental. Neuf membres des forces de l’ordre marocains avaient été tués dans des affrontements avec des Sahraouis. Jugés par un tribunal militaire, les 24 prévenus avaient écopé de peines allant de 20 ans à la perpétuité pour meurtre. Ces derniers sont rejugés au civil après la suppression d'exception au Maroc. Véritable exercice de transparence pour la justice marocaine, presse et observateurs internationaux sont autorisés à couvrir ce procès hors norme.

Compétence du tribunal, respect du droit international, des questions de formes ont été abordées lors des plaidoiries des avocats de la défense des accusés sahraouis. Le préalable, selon Ingrid Metton, une avocate de détenus, à la tenue d’un procès équitable : « Je ne peux pas dire que ce soit pour l’instant un procès équitable. Nous sommes contrôlés partout. On a pris mon passeport en photo, peut-être cinq fois, entre l’entrée de la cour et la salle d’audience. Nous sommes fouillés alors que les avocats marocains ne sont pas fouillés, on nous confisque notre téléphone portable, et surtout nous n’avons pas le droit de parler à notre client ».

Du côté des proches des 9 membres des militaires tués lors des émeutes près de Laâyoune, on regrette les débordements militants durant les audiences. « C’est un peu comme si les accusés essayaient de ne pas voir leurs victimes, affirme Emmanuel Tawil, l’un des avocats de la partie civile. Les accusés ne cessent de scander des slogans politiques. J’espère qu’on va y arriver et je n’ai pas de raison de douter qu’on y arrivera. Le procès, il a vocation à durer. Nous sommes au début ».

Le procès des événements de Gdim Izik, un test pour la transparence d’une justice marocaine qui peine souvent à faire valoir les droits de la défense. Selon Andre Martin Karongozi, avocat observateur belgo-rwandais, à vouloir bien faire, on pêche presque par trop de laxisme : « C’est vrai que tout le début, c’était quand même un peu à chahuter par les accusés notamment. Mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui on prend conscience qu’il faut avancer sur le fond ».

Difficile de savoir combien de jours seront nécessaires pour rejuger les 24 co-accusés de l’affaire de Gdim Izik. Les audiences et plaidoiries doivent reprendre ce mercredi 25 janvier.

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