Sékou Sy s'en souvient comme si c'était hier. Il vendait des vélos dans une rue derrière l'hippodrome de Bamako. En quelques heures, près de 200 boutiques ont été rasées. « Dès six heures, on a vu des bulldozers accompagnés d'une cinquantaine de policiers. Ils ont tout rasé. Les magasins, les kiosques... Ils n'ont rien laissé », se désole-t-il encore.
A quelques mètres de là, Blaggy, dans son petit salon d'esthétique s'affaire sur les ongles d'une jeune femme. Lui aussi a été « déguerpi » au mois de septembre. Il a repris du travail, mais explique que beaucoup de ses amis sont au chômage. « Des milliers de familles. Ces boutiques qui ont été déguerpies valent peut-être des centaines de boutiques. Couper, déguerpir le lieu de travail, c'est couper mon souffle de vie. Tu coupes le lieu de vie de six personnes, vous voyez ce que ça fait... Vous multipliez ça par des milliers de boutiques... »
Aucun chiffre n'est disponible pour évaluer l'ampleur de cette opération de déguerpissement. Certains commerçants ont été relocalisés par la ville. Mais la majorité estime être laissé pour compte.
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