Bravant l'interdiction, Catherine vend de l'essence « kpayo », comme on dit au Bénin, sur le trottoir d'une voie très fréquentée. Mais elle a rangé son stand en bois et les bonbonnes de 20 litres. A la place, elle a posé une caisse remplie de bouteilles sur une chaise, devant l'emplacement qu'elle loue. « Maintenant, je prends seulement deux bidons chez mon grossiste. J'ai peur que la police vienne me déloger et détruise mon stock, car on ne peut plus rester sur les trottoirs. Ça n'est plus bon comme commerce, j'envisage de rentrer dans mon village », explique-t-elle.
Autour d'elle, les autres vendeurs sont tous partis. Kenneth et Daphnis, deux étudiants sur une moto, arrivent de loin pour s'approvisionner car trouver de l'essence frelatée est devenu plus difficile, même si c'est possible. « La façon de vendre a changé, c’est plus caché. Tu vois un bidon au coin de la rue et tu sais que là, il y a de l’essence qui est vendue. Mais maintenan, c’est dans la maison et on te sert. Ça ne peut pas s’arrêter comme ça », souligne-t-il.
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Au contraire, Moustapha pense que les autorités ont trouvé un moyen efficace de lutter contre ce commerce informel, ce que les gouvernements successifs ont essayé de faire depuis des années. « Les vendeurs de "kpayo" ont été embarqués dans la vague, ils sont partis aussi ! Subtilement, le gouvernement est en train de réussir un grand coup de façon déguisée », affirme-t-il.
Et de façon claire, le prix du litre a augmenté, il est passé de 250 à 350 FCFA (de 38 centimes d’euro à 53 centimes).