Moez ben Abdelqader El Fezzani, Abou Wassim de son nom de guerre, est un terroriste tunisien de 48 ans, très actif et très dangereux, une des figures du jihadisme international. Très tôt en Bosnie, il commence le jihad. Il entraîne des terroristes algériens et afghans dans les années 1990.
Fezzani a résidé durant 20 ans en Italie, à Milan, où il a fondé une cellule jihadiste. Il a passé quelques années à la prison de Begram à Kaboul en Afghanistan avant de regagner l'Italie à nouveau. En 2012, il est extradé en Tunisie d'où il a rejoint la Libye puis la Syrie, puis la Libye et le Soudan.
Selon ses aveux, relatés par la presse tunisienne qui cite des sources sécuritaires, il a planifié l'attaque du musée Bardo en mars 2015, le bus de la garde présidentielle en novembre de la même année (12 soldats morts), l'attaque de Sousse et celle de Ben Guerdan à la frontière libyenne le 7 mars dernier.
Sur cette dernière attaque, il avoue la volonté de l'organisation EI de transformer Ben Guerdane en émirat islamique. Concernant la quantité énorme des caches d'armes trouvées dans la ville, il ajoute que c'était dans le but de posséder d'autres villes au sud de la Tunisie.
Fezzani avoue également qu’il a dirigé plusieurs Katiba à Derna et à Sabrata en Libye dont Al Battar. Selon ses aveux, la majorité des membres de cette Katiba seraient des Tunisiens. Il était responsable financier de groupes terroristes en Tunisie, et ses aveux montrent les relations du groupe Etat islamique avec plusieurs petites organisations terroristes dans le pays.
■ Le retour des Tunisiens terroristes en débat
En Tunisie, des parlementaires ont rencontré jeudi 5 janvier le ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub. Ils lui ont demandé de considérer les Tunisiens revenant de zones de conflits et impliqués dans le terrorisme avec le maximum de précaution. Cette rencontre suit trois semaines de débats acharnés autour de cette question épineuse sur le retour de ces Tunisiens depuis les zones de conflits. Un retour qui va en s'amplifiant.
Le gouvernement tunisien nie officiellement l'existence de tout accord convenu avec un quelconque pays pour le retour de ces Tunisiens terroristes ou soupçonnés de l'être.
Cependant, les « expulsions préventives » de l'Europe vers la Tunisie vont en s'accélérant, et le ministre de l'Intérieur dit préférer ramener ces Tunisiens dans le pays au lieu de les laisser planer une menace permanente contre la sécurité de la Tunisie.
Quelque 1 200 Tunisiens seront bientôt expulsés d'Allemagne, Berlin désire renvoyer en Tunisie toute personne soupçonnée de terrorisme ou à qui on a refusé le droit de séjour. Pressé par Berlin, le Premier ministre tunisien Youssef Chahed se rendra très bientôt en Allemagne pour accélérer la modalité de ces expulsions.
Quant à l'Italie, son ministre de l'Intérieur Marco Minniti était à Tunis cette semaine, également pour favoriser des accords de rapatriement et pour une meilleure gestion des flux de migration. L'Italie s'inquiète de la montée de la radicalisation sur son territoire surtout chez les jeunes et les femmes tel que le montre un rapport récent. Le pays a expulsé un jeune, Mohamad Diab, soupçonné de terrorisme et craint de plus en plus l'existence de terroristes parmi les migrants qu'il accueille. A son tour, la France a expulsé ces derniers temps deux Tunisiens pour « menace grave » et s'apprête à en expulser d'autres.
Reste que la société tunisienne craint ces retours et elle a des motifs réels, car pour l'instant les prisons ne suffisent pas et la loi anti-terroriste n'est toujours pas appliquée. De plus, le gouvernement tunisien a pris la décision d'envoyer des délégations vers les théâtres de conflits pour recenser les Tunisiens qui y sont impliqués. Un premier pas, peut-être, avant de les récupérer ?