La Cédéao fait face à un nouveau dilemme. Dans un premier temps, les chefs d'Etat ont décidé de mettre la pression autant sur Yahya Jammeh que sur l'armée. « Nous cherchons pour le moment à imposer aux forces de sécurité de protéger le président élu, l'armée doit être neutre », confie un cadre de l'institution. « L'idéal serait qu'un bataillon soit détaché auprès d'Adama Barrow », complète un diplomate en poste à Banjul. Problème : aucun signe ne semble indiquer que l'état-major, qui s'est dit fidèle à Jammeh est prêt à s'engager sur cette voie.
Pour les leaders de la coalition, cette option est risquée. « Tout peut arriver et tout le monde le sait », indique un proche d'Adama Barrow qui poursuit : « La Cédéao s'est engagée à protéger le président élu, elle doit le faire rapidement. C'est un homme d'Etat, il faut une sécurité d'Etat. »
Les présidents de la Cédéao ont donc une autre option, complexe à mettre en œuvre : assurer cette sécurité. « Avec des mesures discrètes, c'est possible, indique-t-on au sommet de l'institution, Yahya Jammeh le sait, il a une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Nos forces d'attentes sont disposées à intervenir s'il refuse de quitter la présidence le 19 janvier. » « Mais la priorité reste le dialogue, la persuasion », explique la source de RFI à la Cédéao qui conclut : « Jammeh le sait, il est impensable qu'il touche à un cheveu du président Barrow ».