Pour le facilitateur Benjamin Mkapa, le pouvoir burundais est «légitime»

La visite du facilitateur dans la crise au Burundi se termine ce vendredi. Et les propos de l'ancien président tanzanien Benjamin Mkapa n'ont pas plu à tout le monde. Après trois jours de consultations à Bujumbura, le facilitateur dans la crise burundaise jette un pavé dans la mare. Il a assuré avoir pris note de la légitimité du gouvernement burundais, appelant « à ne plus perdre de temps à discuter de cette question de légitimité ou non du pouvoir en place ».

Les mots de Mkapa sont forts : « Le Conseil de sécurité reconnaît Pierre Nkurunziza comme président du Burundi ». Et de s'interroger : « Quelle est cette folie de perdre tant de temps à discuter de ce sujet clos ? » Il s'agit là probablement d'un véritable tournant dans la médiation de l'ancien président tanzanien Benjamin Mkapa.

Et ce dernier a profité de la conférence de presse donnée ce vendredi matin, juste avant de quitter Bujumbura, pour annoncer ce qu'il considère désormais comme son véritable objectif : amener les parties à préparer les élections générales de 2020 de telle manière qu'elles soient « justes, libres et crédibles ».

Sa déclaration satisfait en tout point les désidératas du président Pierre Nkurunziza, que ce soit sur la question du troisième mandat, mais aussi sur son refus de discuter avec l'opposition en exil regroupé au sein du Cnared, puisque Benjamin Mkapa a dit clairement qu'il n'avait pas de temps à consacrer aux opposants armés, comme les appelle Bujumbura.

Déception au Cnared

Quant au Cnared, la plateforme qui regroupe la quasi-totalité de l'opposition burundaise aujourd'hui en exil, elle estime que Mkapa vient de fait de démissionner de son poste et demande à l'ONU de s'investir pour trouver une solution à la crise burundaise. Son président, Jean Minani, dit sa déception.

Selon l'analyste Thierry Vircoulon, consultant pour l'International Crisis Group, spécialiste de l'Afrique centrale, la position de Benjamin Mkapa signe la fin de toute médiation. Et, désormais, il faut craindre que de nouvelles violences éclatent. « La fin de la possibilité du dialogue ouvre toute grande la porte à des actions violentes », explique-t-il. « Il faut en effet craindre des actions violentes pour tenter de rétablir un nouveau rapport de force. »  

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