L'opposition attend beaucoup de ce rapport. L'opposant Jean Ping espère notamment qu'il entraînera des sanctions ciblées contre le pouvoir. Alors avec ce changement de date, son camp s'impatiente. Son porte-parole Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi estime qu'« il arrive un moment où le compromis se transforme en compromission. Ali Bongo ne veut pas de ce rapport et l'UE le sait », dit-il.
Mais certains vont plus loin et parlent de manœuvres du pouvoir pour modifier le texte. Des soupçons démentis par la cheffe de mission. « Nous l'avons finalisé il y a plus de deux semaines et ce report n'entraînera aucun changement de contenu », réagit l'euro-députée bulgare Marya Gabriel.
Selon l'UE, ce changement s'est fait à la dernière minute. « Il n'est pas souhaitable que la présentation se fasse en l'absence du chef de l'Etat », a expliqué le porte-parole du gouvernement Alain-Claude Bilie Bi Nzé.
Les relations entre la mission européenne et les autorités gabonaises sont tendues. Fin août, les observateurs avaient dénoncé l'opacité du processus électoral. Le gouvernement avait répondu que les observateurs avaient outrepassé leurs droits. Fin septembre, la ministre de la Justice avait même dénoncé des dysfonctionnements dans la mission et ordonné une enquête.
Quelques jours plus tard, le Journal du Dimanche avait révélé que le pouvoir avait mis les observateurs sur écoute. Des écoutes que Marya Gabriel avait jugé « inacceptables ».