Tripoli, la capitale libyenne, est coupée du monde. L'unique aéroport de la ville est fermé. Des combats ont eu lieu sur la base militaire qui se trouve dans cet aéroport de Maitiga et les avions civils ont été expédiés d'urgence vers la ville de Misrata. Ce sont les quartiers au sud de la capitale ainsi qu’aux alentours de l'hôtel Rixos qui ont connu les plus violents combats, où mortiers et tirs de chars ont été utilisés.
Dans certains quartiers, les enfants ont été obligés de passer une partie de la nuit dans les écoles en compagnie de leurs professeurs avant de pouvoir se réfugier dans des maisons voisines. De nombreuses personnes n'ont pas pu rentrer chez elles. Les médias libyens parlent de huit morts dans la nuit de jeudi à vendredi. Leurs corps sont restés dans la rue.
Même si des tirs et des accrochages ont régulièrement lieu dans la capitale libyenne, ce sont là les combats les plus violents depuis l'été 2014. Ils opposent, pour simplifier la situation, des milices islamistes à des anti-islamistes.
Milices islamistes contre milices soutenues par le GNA
Il y a d'un côté un groupe de milices islamistes dirigé idéologiquement et spirituellement par l'ex-mufti de Tripoli, El Sadek Al Ghiryani. On y trouve les Frères musulmans, le Choura de Benghazi, la milice Al-Mokatila, réputées proches d'Aqmi et d'autres petits groupes.
Face à ces factions, une coalition de 13 milices, anti-islamistes ou islamistes modérées, soutenues par le ministère de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale (le GNA), soutenu par la communauté internationale. Des salafistes armés se sont rangés à côté des milices gouvernementales. Ces groupes armés avaient d’ailleurs la charge de protéger le gouvernement depuis son arrivé à Tripoli, fin mars dernier.
Ces 13 milices accusent les groupes islamistes de vouloir mettre Tripoli sous leur autorité. C'est « une frappe préventive pour empêcher les islamistes de prendre la capitale » déclare un responsable à un quotidien libyen.
Fin prochaine du mandat du gouvernement provisoire
De nombreux Libyens reprochent au gouvernement Fayez el-Serraj son incapacité à sortir les milices des villes. Ils lui reprochent également son impuissance devant les problèmes économiques du pays. C'est que les milices à Tripoli se livrent à une guerre de pouvoir politique, mais aussi économique, car les chefs de guerre sont devenues les grands chefs d'entreprises dans le pays.
Ce nouvel épisode de violences intervient deux jours après les déclarations très pessimistes de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler. Au micro de nos confrères de la Deutsche Welle que la « résolution de la crise libyenne sera l'affaire de la nouvelle génération ». Rappelons que conformément à l'accord de Skheirat au Maroc, le mandat de ce gouvernement dure un an et se termine au 16 décembre. Au-delà, et à moins d'un renouvellement pour autre année le gouvernement el-Serraj ne sera plus légal.