L’affluence au marché de Serekunda est toujours forte. Les clients sont là mais les poches sont vides. Pour Amadi, vendeur de téléphones de seconde main, les affaires vont mal. « Tout tourne au ralenti en ce moment, il n’y a plus d’argent qu’il y avait avant. Donc le business tourne vraiment au ralenti », confie-t-il.
Parler politique, développement, dans un Etat où tout le monde pense qu’il est surveillé, n’est pas simple. Mohamed, 22 ans, n’a connu que Yahya Jammeh, il écoute les autres mais lui, n’a rien à dire : « Non, je n’ai rien à dire sur la politique, désolé. L’interview est terminée ».
Un homme suit de loin les causeries et souhaite participer à la discussion, il parle français mais n’a pas envie de donner son nom. « C’est formidable, j’adore, il n’y a pas de dérangements, le pays est sécurisé. Moi j’aime ça », dit-il.
Lamine a 30 ans. Il a deux rêves pour son pays : que les affaires marchent et que la démocratie progresse. « La paix ou le business, je choisis la paix. Parce que pour le business, si tu n’as pas la paix, ça ne marche pas. Avec la paix, tu peux faire ce que tu veux. Même si tu n’as pas d’argent mais que tu as la paix, c’est bon ! »
Sans retour à la croissance, sans appui aux petits commerçants, la Gambie continuera à être un point de départ pour cette jeunesse qui préfère tenter l’aventure à travers la Sahara plutôt que de vivre dans son pays.