Alors simple candidat, Donald Trump avait appelé à interdire l'accès du territoire américain aux musulmans, et donc il visait ainsi plus de 400 millions d'Africains. D'où la réaction de plusieurs représentants de la société civile africaine souhaitant « que le président Trump soit différent du candidat Trump ».
Les réactions officielles, elles, ne sont pas nombreuses pour le moment. Il y a beaucoup de tweets. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a été le premier chef d'Etat à appeler Trump pour le féliciter. Il a diffusé un communiqué où il réclame plus de coordination avec Washington pour la stabilité et le développement au Moyen-Orient. Sissi, lâché par l'Arabie saoudite, espère le soutien du nouveau président américain pour combattre les islamistes. Trump a promis de combattre le groupe Etat islamique.
Le président burundais Pierre Nkurunziza a été également l'un des premiers chefs africains à féliciter Donald Trump. Il l'a fait au nom du peuple burundais en saluant chaleureusement la victoire du multimillionnaire. L’administration Obama avait opposé des sanctions contre des personnalités proches du président burundais. Pour un conseiller du président Nkurunziza, c’est aussi une victoire contre la « diabolisation des médias », diabolisation dont Bujumbura s’estime elle aussi victime.
Le président ougandais a également salué Trump, disant qu’il avait hâte de travailler avec lui. A son tour le président rwandais Paul Kagame a adressé ses félicitations espérant la continuité des bonnes relations avec la nouvelle administration américaine.
En RDC, où le président Joseph Kabila est soupçonné de vouloir rester au pouvoir et a subi des pressions américaines, l’élection de Trump n’est pas vue d’un mauvais œil. L’ambassadeur de RDC en France estime que: « le peuple a gagné aux Etats-Unis ».
En Côte d'Ivoire, le ministre des Affaires étrangères Albert Mabri Toikeuse attend pour sa part « des orientations précises pour continuer cette coopération avec l’Afrique » et « de voir quelle politique M. Trump mettra en place ». Il se dit en tout cas « prêt à poursuivre notre collaboration avec son gouvernement. »
Le président Jacob Zuma a félicité Donald Trump pour sa victoire à l’élection présidentielle, ajoutant que l’Afrique du Sud se réjouissait de pouvoir continuer à développer des relations déjà fortes entre les deux pays. Au-delà de la déclaration officielle, certains s’inquiètent des conséquences de cette élection sur l’Afrique du Sud et la région. L’Agoa, le traité de libre-échange qui soutient l'économie des pays africains en leur facilitant l'accès au marché américain, a par exemple permis la création d’environ 60 000 emplois en Afrique du Sud principalement dans les industries de l’agriculture et de l’automobile. Autre inquiétude, la possible réduction de l’aide extérieure. Un tiers de cette aide est dirigé vers des programmes de santé sur le continent africain, comme par exemple PEPFAR, un plan d'aide d'urgence à la lutte contre le sida, dont a largement bénéfice l’Afrique du Sud.
L'ex-candidat républicain a très peu parlé de l'Afrique, mais il a plaidé pour une politique moins intrusive dans les pays africains où il y a maintenant des bases militaires au Niger et en Tunisie. Un élément rassurant pour bien des pays du continent qui voient d'un mauvais œil la montée en puissance de l'interventionnisme américain en terre africaine.