Au moment du bombardement en 2004, Dominique de Villepin, qui avait chapeauté un an et demi plus tôt les accords de cessez-le-feu, est passé du ministère des Affaires étrangères à l’Intérieur. Et aujourd’hui, il assure que cette position le maintenait à l’écart de l’affaire Bouaké. « Je suis ministre de l’Intérieur et j’imagine, parce que je n’ai pas l’habitude de me défausser, que la ministre de la Défense a eu à traiter ce dossier avec l’Elysée », affirme-t-il.
Si Michèle Alliot-Marie, ex-ministre de la Défense, fait bien partie des personnalités que la juge veut renvoyer devant la Cour de justice de la République, Dominique de Villepin n’est pas exempté. Lui aussi fait l’objet d’une procédure de renvoi. Le juge l'a interrogé sur le sort des pilotes des deux avions qui ont bombardé Bouaké. Deux mercenaires biélorusses, arrêtés au Togo dix jours plus tard, mis à la disposition de la France, mais queParis a préféré laisser partir.
A (RE)LIRE → L'intégralité de notre enquête sur l'affaire du bombardement de Bouaké
Cette décision pour le moins surprenante pousse certains observateurs à parler de manipulation qui aurait mal tourné et conduit à une bavure française. Une thèse vivement rejetée par Dominique de Villepin. « Vous avancez des thèses révisionnistes qui sont tout simplement insultantes et injurieuses pour l'armée française. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas la réponse à un problème qu’il faut mettre la main dans la boîte et avancer des idées fausses et en plus injurieuses pour nos responsables militaires », se défend-il. « La manière dont vous vous énervez prouve qu’il y a quand même manifestement un petit problème dans cette affaire », souligne le chroniqueur de la chaîne France 2. Réponse de Dominique de Villepin : « M. Moi, je m’indigne. »
Dominique de Villepin, comme les ex-ministres de la Défense et des Affaires étrangères, attend toujours aujourd’hui la décision du parquet pour savoir s’il sera renvoyé devant la justice de la République.