Pour de nombreux hommes et femmes journalistes en Somalie, le quotidien est un véritable « enfer », dans un pays « où l'on risque sa vie à tout moment ». Pour la responsable Afrique de Reporters sans frontières, Cléa Kahn-Kriber, il s'agit « sans doute de la pire situation pour les journalistes en Afrique ».
Depuis 2010, son organisation a recensé 41 cas de journalistes assassinés ou tués dans l'exercice de leur fonction dans ce pays plongé dans la guerre civile depuis plus de deux décennies. Tout cela dans l'impunité, dénonce Cléa Kahn-Kriber, qui parle de seulement deux cas où les assassins présumés ont été arrêtés.
« Des personnes ont été identifiées comme étant responsables de l'assassinat, jugées très rapidement, sans vraiment de procès équitables, il faut le dire, [puis] condamnées à mort et exécutées. Pour les 39 autres que nous avons recensés, il n'y a pas eu d'identification des personnes responsables et encore moins de procès. »
« On est tout le temps sous tension »
Un journaliste somalien, qui exerce dans le pays depuis plus de dix ans, explique que pour survivre dans ce milieu, « il faut se faire tout petit et toujours être sur ses gardes, ne pas rester longtemps au même endroit, changer constamment de domicile ou encore de téléphone ». « On est tout le temps sous tension », dit-il à RFI.
RSF dénonce également l'arbitraire auquel sont soumis les journalistes somaliens de la part des services de renseignements somaliens, qui peuvent les arrêter à tout moment. Là aussi en toute impunité.
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