RCA: retour au calme et statu quo à Bangui après les violences

Le calme est revenu à Bangui quelques jours après les violences qui ont fait quatre civils tués et 14 personnes blessées, dont cinq Casques bleus, lors de la journée ville morte organisé pour demander le retrait de la force de l’ONU (Minusca). Le président du groupe de travail de la société civile à l'origine de la ville morte, Gervais Lakosso, a décrété une trêve.

La vie reprend petit à petit son cours à Bangui : les écoliers montent et descendent des taxis moto et les ouvriers bricolent. « C’est calme. Les magasins ont ouvert », constate Yacynthe, agent de sécurité à l’entrée d’un magasin aux abords de l’avenue de l’Indépendance en plein cœur de la capitale centrafricaine.

De nombreux commerces sont pourtant restés fermés. Les personnels des Nations unies et de nombreuses ONG ont eu pour ordre de rester cloitrés chez eux. Un habitant confie que s’il n’est pas sorti « c’est par peur de [se] retrouver au milieu des violences ».

La société civile demande des comptes au chef de l'Etat

Pour Gervais Lakosso, c'est désormais au chef de l'Etat d'agir et vite. Le président Touadéra doit déployer l'armée, demander le départ de la Minusca et lancer des procédures contre ses chefs, coupable d'après lui, de « non-assistance à pays en danger ».

Le président du groupe de travail de la société civile a été reçu mardi par le pasteur Nicolas Guérékoyamé-Gbangou. Le président de l'Alliance des Eglises Evangéliques demande aux protestataires d'être patients et de ne pas politiser leur démarche. Le pasteur espère aussi que le chef de l'Etat convoquera rapidement un dialogue sur la sécurité. Il reconnaît d'ailleurs que le mandat de la Minusca pose problème. Mais pour le religieux, pas question de demander son départ alors qu'il a toujours soutenu son déploiement.

« Nous sommes encore sous perfusion »

Un départ catégoriquement refusé par le porte-parole du gouvernement. Théodore Jousso reconnaît que des contingents ont montré des faiblesses. Mais pour le ministre, cela ne justifie pas de paralyser le pays. « La communauté internationale nous a beaucoup aidés. Nous sommes encore sous perfusion et il ne faut pas tout rejeter en bloc », dit Théodore Jousso, pour qui le remplacement de la Minusca par l'armée nationale serait de l'inconscience, vu son état de déliquescence.

Quant au dialogue, le président reste ouvert, mais il y a des choses non négociables, conclut-il. Un dialogue que Monseigneur Dieudonné Nzapalainga soutient. Pour l'archevêque de Bangui, les barricades amèneront plus de chaos, alors que « se parler, dit-il, c'est comme une thérapie ».

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