Les choses sont allées très vite. 94 voix pour, 2 contre et 14 abstentions. L'Assemblée nationale a voté massivement pour le retrait du traité de Rome de la Cour pénale internationale mercredi matin. Puis dans la foulée, ce texte s'est retrouvé deux heures à peine plus tard devant les sénateurs burundais, qui l'ont adopté à l'unanimité.
Selon des sources de la chambre haute du Parlement, ce projet devait être envoyé à la présidence dès mercredi soir pour sa promulgation. Ce qui va faire du Burundi le premier Etat du monde à se retirer de la CPI.
Le projet de loi avait été adopté par le Conseil des ministres il y a à peine une semaine. Une marche forcée qui s'explique aux yeux de nombreuses organisations des droits de l'homme comme une volonté de la part de nombreux responsables burundais, épinglés pour leur responsabilité dans les violations massives des droits de l'homme dans de ce pays, d'échapper à la justice internationale.
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Le pouvoir du président Pierre Nkurunziza nie bien sûr. Il parle de défense de l'indépendance nationale contre un complot international qui veut faire tomber un pouvoir élu par le peuple. Beaucoup craignent ce qui pourrait arriver dans ce pays en proie à une grave crise politique, et qui est en train de se refermer sur lui-même.
L'appel du CNARED à la communauté internationale
La plateforme de l'opposition CNARED a appelé la communauté internationale à intervenir pour « sauver le peuple burundais ». Pour Pancrace Cimpaye, le porte-parole du CNARED, ce retrait annoncé est une preuve que le président Pierre Nkurunziza reconnaît qu'il est responsable des crimes contre l'humanité dénoncés par la récente enquête des Nations unies. « Ce retrait est une peur bleue des poursuites judiciaires, dénonce-t-il. Mais ce que Nkurunziza et le pouvoir doivent savoir, c’est que le retrait de la Cour pénale internationale ne leur donne pas l’autorisation de tuer le peuple burundais. Ce qu’ils doivent savoir, c’est que les poursuites judiciaires en cours, les enquêtes en cours, doivent suivre leur cours normal. »
« Aujourd’hui, au niveau du CNARED, nous appelons la communauté internationale et spécialement le Conseil de sécurité des Nations unies afin qu’ils puissent prendre les mesures qui s’imposent pour protéger le peuple burundais parce que toutes ces décisions qui viennent d’être prises en cascade démontrent que le peuple burundais est en danger d’extermination. Pour nous, au niveau du CNARED, la CPI a le droit et le devoir d’intervenir au Burundi et il est du devoir de la communauté internationale, de la solidarité internationale, de protéger un peuple en danger », exhorte-t-il.
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