Six ans après son transfèrement à la CPI en 2006, Thomas Lubanga a été reconnu coupable en 2012 - condamnation confirmée en appel en 2014 - d'avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).
L'ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) a été condamné à 14 ans de prison. Mais la Cour basée à La Haye a jugé qu'il devait payer « personnellement » des indemnisations collectives destinées à ses victimes. Ouvert en 2012, le volet « réparations » s'est embourbé lorsqu'avocats et experts se sont opposés sur la meilleure manière d'aider les victimes.
Une indémnisation pour faciliter la réinsertion
« Le but des réparations, c’est de faciliter leur réinsertion dans la vie de leur communauté et dans la vie professionnelle », explique Fadi el Abdallah, porte-parole de la CPI à La Haye. Et d’ajouter : « Beaucoup de ces personnes ont été mises à l’écart, elles n’ont pas profité de formation, elles ne sont pas allés à l’école, elles n’ont pas appris des métiers. Comme [ces individus étaient] mis à l’écart socialement parce qu’ils étaient vu comme souillés ou violents ou abusifs, il est important d’essayer de contribuer à modifier cette perception et de leur permettre de reconstruire leur vie autant que possible. »
« La Cour elle-même prévoit que les victimes des différents crimes bénéficient d'indemnisations », résume Roger Logo, coordonnateur du Réseau des associations des droits de l'homme en Ituri (Radith). « Si réparations il y a, il faudra tenir compte de leurs besoins. »
Quid des filles et des femmes soldats ?
Les ONG qui se sont adressées aux juges lors de ce procès ont insisté sur la situation des femmes, notamment celles qui ont été recrutées en tant qu'enfant soldat.
« Le point commun des deux organisations, Women’s initiatives for gender justice et Child soldiers international, a été l’accent mis sur des filles et des femmes qui ont été victimes de ces crimes et le besoin de prendre en compte le besoin spécifique qu’elles auront par rapport à la réparation », rapporte Gaëlle Carayon, conseillère post-conflit à l'ONG Redress.
« Pour le moment, le fonds au profit des victimes a fait des propositions sur la réparation et a dit qu’il mettrait à contribution un million d’euros. L’intervention de Women’s initiatives a souligné que c’est loin d’être suffisant, et que d’après leurs estimations, pour faire un travail complet, on est de l’ordre de 1 ou 1,5 voire 2 millions [de dollars] par an. Il est important peut-être de revoir ces montants à la hausse et de mettre en place des stratégies assez importantes de financement pour ces réparations, pour qu’elles aient un sens, pour qu’elles ne soient pas que symboliques », explique l’experte.