RDC: quelles indemnisations pour les victimes de Thomas Lubanga?

La Cour pénale internationale (CPI) tente de déterminer le montant des indemnisations destinées aux victimes du chef de milice congolais Thomas Lubanga. Les juges apporteront une attention particulière aux ex-enfants soldats recrutés, des garçons et filles qui avaient moins de 15 ans en 2003.

Six ans après son transfèrement à la CPI en 2006, Thomas Lubanga a été reconnu coupable en 2012 - condamnation confirmée en appel en 2014 - d'avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC).

L'ancien chef de l'Union des patriotes congolais (UPC) a été condamné à 14 ans de prison. Mais la Cour basée à La Haye a jugé qu'il devait payer « personnellement » des indemnisations collectives destinées à ses victimes. Ouvert en 2012, le volet « réparations » s'est embourbé lorsqu'avocats et experts se sont opposés sur la meilleure manière d'aider les victimes.

Une indémnisation pour faciliter la réinsertion

« Le but des réparations, c’est de faciliter leur réinsertion dans la vie de leur communauté et dans la vie professionnelle », explique Fadi el Abdallah, porte-parole de la CPI à La Haye. Et d’ajouter : « Beaucoup de ces personnes ont été mises à l’écart, elles n’ont pas profité de formation, elles ne sont pas allés à l’école, elles n’ont pas appris des métiers. Comme [ces individus étaient] mis à l’écart socialement parce qu’ils étaient vu comme souillés ou violents ou abusifs, il est important d’essayer de contribuer à modifier cette perception et de leur permettre de reconstruire leur vie autant que possible. »

« La Cour elle-même prévoit que les victimes des différents crimes bénéficient d'indemnisations », résume Roger Logo, coordonnateur du Réseau des associations des droits de l'homme en Ituri (Radith). « Si réparations il y a, il faudra tenir compte de leurs besoins. »

Quid des filles et des femmes soldats ?

Les ONG qui se sont adressées aux juges lors de ce procès ont insisté sur la situation des femmes, notamment celles qui ont été recrutées en tant qu'enfant soldat.
« Le point commun des deux organisations, Women’s initiatives for gender justice et Child soldiers international, a été l’accent mis sur des filles et des femmes qui ont été victimes de ces crimes et le besoin de prendre en compte le besoin spécifique qu’elles auront par rapport à la réparation », rapporte Gaëlle Carayon, conseillère post-conflit à l'ONG Redress.

« Pour le moment, le fonds au profit des victimes a fait des propositions sur la réparation et a dit qu’il mettrait à contribution un million d’euros. L’intervention de Women’s initiatives a souligné que c’est loin d’être suffisant, et que d’après leurs estimations, pour faire un travail complet, on est de l’ordre de 1 ou 1,5 voire 2 millions [de dollars] par an. Il est important peut-être de revoir ces montants à la hausse et de mettre en place des stratégies assez importantes de financement pour ces réparations, pour qu’elles aient un sens, pour qu’elles ne soient pas que symboliques », explique l’experte.

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