Dans cette région, la situation est inquiétante car ce sont environ 30 000 personnes qui sont déplacées, de façon régulière. Yvon Edoumou, porte-parole de Ocha en RDC, fait état de vagues de 1 000 à 3 000 personnes dont les déplacements durent deux ou trois jours et il se réfère aussi à tous ceux qui sont obligés de se déplacer pendant plus longtemps voire par exemple sur plusieurs mois, et pour qui c’est beaucoup plus délicat.
« Ceux-là ont tout perdu et les enfants ne sont plus à l’école. Ce sont des familles composées, en grande majorité, de femmes et d’enfants qui marchent 100, 200, 300 kilomètres pendant plusieurs jours afin de se mettre à l’abri des combats. Il est évident que nous ne pouvons pas être partout à la fois. Il y a toujours beaucoup plus de besoins qu’il n’y a d’acteurs humanitaires. Il est possible qu’il y ait des familles qui se retrouvent sans assistance humanitaire pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines », déplore-t-il avant d’expliquer, en partie, les causes de cette situation.
« Nous sommes confrontés à des défis d’accès physique mais aussi à des défis sécuritaires comme par exemple des groupes armés qui kidnappent, qui font des braquages ou encore des coupeurs de routes. Nous avons aussi des incidents avec les voitures humanitaires qui, chaque fois qu’elles sont mises à mal, eh bien cela retarde les opérations », a-t-il précisé.
Selon Yvon Edoumou, l’aide humanitaire ne peut pas être une réponse durable à ce profond conflit. Il lance un appel aux autorités congolaises.
« Nous, on ne met juste que du sparadrap sur les problèmes parce qu’en fait, la réalité est que ce conflit date de plusieurs décennies, a tendance à se calmer à certains moments puis, à d’autres moments, on assiste à des pics. Cela fait maintenant plusieurs mois déjà qu’il y a eu ce regain de violence qui ne cesse pas de continuer. Chaque semaine, vous pouvez avoir une attaque provoquant deux ou trois personnes blessées et tuées. Quelque temps après, il peut y en avoir 200 ou 300 personnes. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut facilement prédire », souligne-t-il avant d’insister sur les racines du problème qui sont « vieilles et profondes » et qui ont trait à l’accès à la terre et aux ressources.
« Nous, on ne fait que soulager un tant soit peu ces communautés mais il est clair que l’aide humanitaire ne sera peut-être jamais la solution... Il faut absolument qu’il y ait une plus grande implication des autorités congolaises qui sont déjà impliquées mais qui, à mon sens, peuvent faire encore plus afin de calmer toutes les velléités qui existent entre les deux communautés », insiste-t-il.