Choisir de bons produits et marier les saveurs, c'est la spécialité de Willy. Mais si ce cuisinier mitonne de bons petits plats pour ses employeurs, il peine à le faire pour ses proches. La faute à la chute du franc congolais face au dollar. « Il y a des choses peut-être qu'on achetait à 150 [et qui montent] directement à 200 francs congolais. C'est brusquant, c'est difficile pour nous ! Il y a la souffrance dans nos familles ! Donc, c'est ça que nous déplorons, et nous demandons à nos autorités d'essayer d'arranger la situation », explique-t-il.
En juin, à l'occasion de la fête d'indépendance, le président Joseph Kabila avait dit comprendre la souffrance des « plus démunis » liée à la « baisse du pouvoir d'achat ». Il avait promis d' « accentuer » les « efforts de stabilisation économique et monétaire » via un train de mesures « à caractère prioritaire ».
Mais trois mois après, beaucoup jugent que la situation ne s'arrange pas. Voire, empire. Alain, chauffeur de taxi, juge que se nourrir est devenu encore plus compliqué - tout comme scolariser les enfants, qui demande déjà en temps normal d'énormes sacrifices : « C'est trop dur, vraiment ! On se débrouille seulement. On se débrouille avec un petit rien : tu pars avec ça à la maison, on prépare quelque chose, on mange. C'est tout. On mange seulement une seule fois. Même les enfants, les petits enfants, les adultes : une seule fois par jour. C'est trop dur de payer les frais scolaires, les acomptes, les cahiers... »
Trop dur, mais en attendant pas d'autre choix que de continuer à se serrer la ceinture.