Les Nations unies, l'Union européenne mais aussi les Etats-Unis, la Belgique et la France se disent « extrêmement préoccupés » par la situation en RDC et appellent toutes les parties à la retenue.
Le représentant de Ban Ki-moon en RDC appelle ainsi les autorités congolaises « à s'assurer que les forces de sécurité respectent les libertés fondamentales et n'utilisent que des moyens non-létaux pour contrôler les foules ». Maman Sidikou demande aussi « à toutes les dirigeants politiques et leurs partisans de s'abstenir de tout autre actes susceptible d'augmenter les tensions ». De son côté, la Monusco réclame une enquête complète sur ces violences.
Un calendrier électoral le plus rapidement possible
Des heurts dont l'origine, selon l'Union européenne, est claire. « Ces violences font suite à la non-convocation des élections présidentielles dans les délais constitutionnels » estime-t-elle dans un communiqué. Pour l'UE, il faut donc que le calendrier électoral soit connu au plus vite, et le report des élections présidentielles et législatives aussi court que possible.
L'envoyé spécial des Etats-Unis pour les Grands Lacs, Tom Perriello, l'a redit à la presse ce mardi matin, il condamne la violence des deux côtés et s'inquiète des rapports qu'il reçoit sur des attaques ciblées contre des membres de l'opposition : « Cette crise était tout à fait évitable. Si le gouvernement avait respecté ses obligations constitutionnelles d'organiser l'élection présidentielle, on ne serait pas dans cette crise aujourd'hui. Et si le gouvernement avait réussi à créer un consensus populaire autour d'un compromis, on aurait pu éviter les heurts d'hier et d'aujourd'hui. De nombreux représentants de la communauté internationale étaient à Kinshasa la semaine dernière dans l'espoir de réunir tout le monde autour de la table, il y avait des mesures simples à prendre qui ne l'ont pas été. Des mesures qui auraient permis de ramener davantage de leaders de l'opposition et de la société civile autour de la table. Cependant, nous continuons de penser qu'il est important pour tout le monde de sortir de l'escalade de la violence et de l'escalade de la rhétorique. On a souvent entendu ces dernières semaines le gouvernement parler d'insurrection et l'opposition parler de haute trahison. Ce n'est pas le genre de chose qui permette à tout le monde de trouver une solution ».
Le département d’État américain, de son côté, s’est dit « déçu » par l’échec de la Commission électorale à convoquer les élections dans les délais. Il rappelle l’importance d’un dialogue véritablement inclusif. Concernant la flambée de violence des dernières heures, les Etats-Unis se disent prêts à prendre de nouvelles sanctions ciblées contre les responsables de la répression violente.
« Ce qui compte c'est la date des élections », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault inquiet d'une situation « très dangereuse et extrêmement préoccupante », dans une conférence de presse en marge de l'assemblée générale de l'ONU. « Si elles sont reportées sans cesse, cela veut dire que Kabila a l'intention de rester au pouvoir, a ajouté Jean-Marc Ayrault. C'est une situation qui n'est pas acceptable. »
HRW appelle à un dialogue politique inclusif
Même inquiétude du côté des organisations non gouvernementales comme Human Rights Watch. « On pense que la meilleure façon d'éviter encore plus de violence et de répression dans les prochains mois serait, pour le président Kabila et son gouvernement, de dire et montrer une volonté claire d'organiser des élections présidentielles dans les délais et de dire clairement que le président Kabila va quitter le pouvoir », explique à RFIIda Sawyer, chercheuse à HRW et spécialiste de la RDC.
« Les faits de cette journée rappellent l'extrême urgence de parvenir à la conclusion d'un dialogue politique inclusif, dont les résultats sont respectueux des principes constitutionnels ainsi que de la résolution 2277 du Conseil de sécurité » souligne l'UE. Un dialogue réellement inclusif, c'est aussi ce que demandent les Etats-Unis qui se disent prêts à prendre de nouvelles sanctions ciblées contre les responsables de violences ou de répression.